En temps de crise, il faut savoir faire des concessions.

A vrai dire, si Blume s'était vraiment écouté, il en aurait été tout autre. Il serait parti en courant, se serait planqué sous la couette à fleurs du lit rose Barbie à quelques pas de là, et serait resté là en se bouchant les yeux et les oreilles, pour attendre que ça passe. Il aurait prié bien gentiment pour que le monsieur bizarre, avec sa barre en fer et ses cheveux décolorés, zigouille la Tâche tout seul comme un grand, et le laisse tranquille ; non, Blumchen n'avait absolument aucune velléité de combat, c'était pas son trip de casser la gueule à des Tâches, il laissait ça aux mecs torturés comme Innocent, mais, voilà, personne ne lui avait laissé le choix. Tiens, une barre de fer, mon garçon, et tu as intérêt à t'en servir.

Malheureux Blumchen.

Il s'était servi de ses poings, de couteaux, de bouteilles en verre et de ses dents durant sa courte vie, mais des barres de fer, et lourdes comme ça, c'était pas encore son domaine. Il ploya de manière fort peu virile lorsqu'Innocent laissa tomber l'arme entre ses bras. Heureusement, il s'était déjà retourné, après un conseil réconfortant, laissant Blume dans son tête à tête romantique avec la Tâche.
Bon dieu, que c'était moche.

Hé bien, quand faut y aller, faut y aller – il banda ses muscles, envoyant un grand coup de barre dans ce qui devait être les côtes de la créature, qui pourtant ne sembla pas moufter, comme si elle était faite d’une matière élastique qui aurait résisté à tous les chocs ; il recula d’un pas, voulut donner un autre coup, mais s’aperçut seulement à cet instant que la Tâche était déjà vacillante. Monsieur décoloré l’avait en effet bien amochée. Des filaments graisseux, qui devaient provenir d’une blessure, suintaient sur la moquette rose ; et avant qu’il n’ait le temps de dire ouf, la créature s’était affalée au sol dans un bruit d’écrasement visqueux qui lui donna envie de mourir. Bordel de merde. C’était dégueulasse.

La barre de fer toujours en main, il eut à peine le temps d’entendre le râle que fit la créature d’Innocent en mourant à son tour. Pas très ragoûtant non plus, si vous voulez mon avis, mais de toute façon son meurtrier semblait déjà passé à autre chose, puisqu’il fit claquer ses bottes entre les boyaux écrasés pour rejoindre Blumchen.

D’une voix tranquille et assurée, il proposait aimablement à Blume de rester pour la suite des festivités, Blume qui n’avait qu’une envie, partir en courant et se planquer sous sa couette pour regarder le dernier épisode des Bisounours, mais encore une fois, il fallait savoir se montrer viril en certains cas. En particulier quand on se retrouvait coincé dans un centre de redressement pour mineurs. C’était le genre d’endroit où même un semi-gay comme lui pourrait facilement finir lapidé s’il faisait un faux pas. Blume n’était pas une lavette – il savait se battre et il l’avait fait plus d’une fois – seulement, voilà, il était pas trop dans le trip bourrades viriles entre potes. Plus le genre artiste, voyez ?

« Oh excuse j'oublie les règles de politesse. Je suis Innocent » fit soudain l’adolescent en lui tendant une main que Blume serra fermement, bien qu’étant pas très à l’aise. Le jeune homme reprit rapidement :

« Ne t'avise pas de formuler une quelconque blague au sujet de ce prénom, je le prendrais très mal »

Etant donné que le prénom de Blume pouvait se traduire littéralement par petite fleur, l’espace d’un instant, le jeune homme se sentit presque proche d’Innocent. Presque. De toute manière, la présence immédiate d’armes diverses et les gouttelettes rouges sur les vêtements d’Innocent l’auraient dissuadé de toute blague douteuse sur son prénom.

« Blume » fit le jeune homme d’une voix relativement assurée, ce qui le rassura. « Je suis là depuis à peu près cinq minutes, alors je te serais reconnaissant si tu pouvais m’expliquer un peu ce que c’est que ce bordel » continua-t-il d’un ton en apparence calme, où l’on pouvait néanmoins percevoir des accents quelque peu flippés. « Pas que j’aime pas latter la gueule à des araignées géantes, mais c’était pas vraiment à ça que je pensais quand on m’a dit travaux d’intérêt général. »

Plus les secondes passaient, et plus Blume regrettait son choix.

Bien sûr, il ne pouvait rien faire comme tout le monde. Il fallait qu’il choisisse les travaux forcés, qu’il choisisse cet endroit, qu’il pense que peut-être, ici il serait tranquille. Il fallait que ce soit lui, le pauvre péquenaud aux cheveux verts, perdu entre deux hystériques de la gâchette au milieu de nulle part, paumé comme un campagnard qui sort pour la première fois de sa cambrousse. Dieu seul savait quel esprit malade avait créé l’endroit où ils se trouvaient.
Ces deux-là – le flippant aux cheveux blancs, et le malsain avec sa tresse turquoise, là – ils semblaient parfaitement dans leur élément. Et c’était peut-être ça qui faisait le plus flipper Blume (en dehors du fait qu’un tel rassemblement de tignasses bizarres dans un espace si réduit, c’est carrément pas normal) ; quelque part, il avait peur de devenir comme eux, une fois qu’il aurait passé quelques temps ici. Mais de toute façon, ça, c’était pour quelques états d’âme de Blume ; parce que dans l’état actuel des choses, il est bien trop occupé par la situation présente pour se poser clairement la question. Ca le taraudera plus tard.

Encore une fois, tout était arrivé très vite. Le sourire malsain du type au cheveux blancs – son air de bête qu’on a pas nourrie, malgré ses manières de dandy –, ses explications qu’il n’avait comprises qu’à moitié, et puis ce monde qui s’effritait à nouveau, bordel de merde, la cabane de trappeur, monsieur tresse turquoise, un mur qui s’envole, des carabines, et c’est reparti pour un tour.

En regardant les deux énergumènes se préparer au combat, Blume eut un soupir.

« Noooon, me dites pas qu’on va passer six mois à faire ça ? » s’exclama-t-il d’une voix où il y avait plus de désespoir et de lassitude que de réelle peur. Quand les choses atteignent un certain niveau d’irréalité, la peur se fait la malle, en quelque sorte.

De une, Blume n’avait jamais touché de carabine de sa vie. C’était comme les barres de fer, ça, il maîtrisait pas. Il aurait voulu un couteau, un truc maniable, Blume n’était pas un bourrin, il aimait travailler à la précision même quand il s’agissait de charcuter des grosses boules de goudron, mais ça semblait pas être le style du milieu. Tire dans le tas mon frère, et on verra si ça marche.

De deux, si, comme il semblait l’avoir compris, tout ceci n’était qu’un entraînement, alors pourquoi DIABLE s’emmerderait-il à risquer sa vie pour les tuer ? De plus, vu comme ces deux-là étaient partis, ils auraient fini ces Tâches avec les dents avant même qu’il ait fait un pas en avant.

Mais l’heure n’était pas aux tergiversions, de toute façon. Il allait bien falloir qu’il fasse quelque chose – rester là dans un coin et attendre que ça passe ne semblait pas être une solution. Il jura lorsque la Tâche défonça d’un geste massif une énorme armoire. Quelques mots lâchés en allemand. Il trouvait toujours que l’allemand avait plus de charme quand il s’agissait d’insultes (le côté guttural, sûrement).

De quelques pas, il se rapprocha de la caisse pour se saisir d’une carabine – merde, c’était vachement lourd –, trouva instinctivement où est-ce qu’on rentrait les cartouches, fit rouler la machine pour la mettre en marche. Cette Tâche faisait vraiment des bruits dégueulasses. La manière dont il tenait la carabine aussi, était assez pitoyable, mais il était parti avec l’idée que tant que ça tirait, c’était bon à prendre. Il vida au moins trois balles dans le corps de la chose, puis, surpris par le recul, manqua de trébucher – de toute façon, il laissait aux deux autres malades le plaisir de finir la chose.

Il recula d’un pas, baissant la carabine, regarda autour de lui, et malgré la température extérieure, s’aperçut qu’il avait bien trop chaud.

« Tu as dit que cet endroit était une arène, c’est bien ça ? » lança-t-il à Innocent, profitant de l’absence momentanée de Tâches. « Alors comment on sort d’ici ? Parce que j’ai aucune envie de rester ici et de... »

Une explosion dans son dos l’interrompit. Une tâche venait à nouveau d’exploser un mur – y en aurait sûrement plus des masses, bientôt –, projetant des débris de bois à travers la pièce, et Blume recula instinctivement, saisissant d’une main sa nouvelle amie la carabine. Pas moyen d’avoir une seule conversation civilisée, dans le coin.

[J'm'emmêle un peu avec toutes ces Taches là...]

Loebhan n'écoutait pas les plaintes du dit Blume, car évidemment il connaissait son nom, ses origines et tellement d'autres choses passionnantes... S'il l'avait fait, il aurait abandonné le combat pour aller le torturer un peu psychologiquement, s'amuser à lui faire remarquer tout ce que le jeune homme essayait d'oublier un peu... Son côté faiblard et féminin, tout ça. La première Tache de niveau 2 fut rapidement mise au tapis par Bhan. C'était une petite Tache, il fallait bien l'avouer, et il y avait épuisé toutes ses cartouches. Il s'empara donc de la Hache imposante qui trônait sur un des murs et, avec un sourire sans joie, se tourna vers l'autre Tache. Au passage, il bouscula légèrement Blume.

- Oh, pardon ! Tu faisais pas parti du décor ?

Sous entendu : tu sers à rien. Tu gênes. Rentre chez ta mère. Il n'y avait même pas un air de reproche sur son visage lorsqu'il disait cela, juste son expression habituelle, ennuyée, blasée... Puis il attaqua à la hache l'autre tache, et il ne remarqua qu'après Innocent affalé derrière. Dans un état pas très, très glorieux. Cette situation arracha un rire bizarre à Loebhan. Il fut néanmoins content de voir que le terrible papi-touffe-blanche avait bien amoché la tache. ça lui facilitait le travail. Après 10 minutes de charcuterie intense, la seconde tache fut envoyée finir de brûler dans l'âtre de la cheminée, en pièce détachée. Loebhan resta debout quelques secondes devant Innocent, comme s'il hésitait à l'aider à se relever, puis finalement il s'en alla sans rien faire. Il n'allait pas devenir gentil non plus. Il n'adressa pas non plus un seul regard à Blume et sortit hors du chalet. Il restait la Tache de niveau 3, encore invisible pour le moment. Les deux autres le suivirent dehors. Après tout, ce n'était pas très pratique de se battre dans un endroit aussi exiguë... En soupirant, Bhan se tourna vers Blume. Il n'allait pas confier sa vie à un incompétent :

- Ecoute, les Taches de niveau 3 ne sont pas beaucoup plus dangereuses que les 2. Elles ont juste une plus grosse carapace. Faut en profiter, ça les rend lentes. Vise le ventre, les yeux...

Loebhan haussa les épaules, comme si c'était facile à faire. Avisant qu'une seconde hache traînait sur un billot de bois, il alla s'en emparer. Et au moment où l'instrument tranchant était délogé de son support en bois en craquant sinistrement, la Tache tant attendue apparut en hurlant. Elle venait de la forêt, faisant tomber de nombreux sapins sur son chemin. Un vrai monstre, avec quasiment une armure sur le dos. Belle bête, apprécia Loebhan. Il courrut vers la Tache, se jeta à genoux et grâce à la neige il put glisser sous le monstre pour lui marteler le ventre de coup de haches. Il en ressortit couvert de sang noireâtre, et se mangea un violent coup de queue. La créature n'avait pas trop appréciée de voir une partie de ses viscères colorer la neige... Si les deux autres ne faisaient rien, probablement que Loebhan allait avoir se sérieux ennuis. Sonné, il avait perdu une hache et l'autre était rendue glissante à cause du sang de la Tache. Il essuya l'hémoglobine qui lui coulait sur le visage - le sien ou celui de la bête ? - et d'un geste maladroit, envoya sa dernière arme dans la figure de son ennemi. Loupé.

En temps normal, Blume était quelqu’un de plutôt impulsif – en temps normal, sous-entendait, lorsqu’il n’y avait ni cabane de trappeur à peaux de bêtes, ni tarés à carabines, et ni grosses masses de goudron et de dents pour lui rappeler qu’il n’était pas dans son environnement naturel. Pauvre Blume, malheureux Blume, malheureux mec normal balancé dans la folie furieuse qu’était Génésis. Il allait falloir qu’il comprenne vite tout ça s’il ne voulait pas se faire bouffer – mais visiblement, il était déjà mal parti. Blume, donc, s’il n’avait pas été dépaysé et perdu comme un chiot qui découvre pour la première fois le monde, aurait sûrement très mal pris les quelques mots de Monsieur Turquoise, mais bizarrement, dans ce contexte, l’insulte passa au-dessus de lui. S’il devait songer à sauver sa peau, il n’avait pas de temps pour ce genre de gamineries. Il nota juste la remarque quelque part dans son cerveau, histoire de garder en mémoire que Loebhy et lui, ils n’allaient pas devenir meilleurs potes.

Le combat recommençait déjà, et Innocent semblait en mauvaise posture – ce qui ne l’empêcha pas de lancer une vanne douteuse à la Tâche, qui ne sembla pas noter – avant que Monsieur Turquoise ne vienne s’occuper de la charcuter (ça semblait tellement lui faire plaisir que Blume se dit qu’il aurait été inutile d’essayer de l’aider), mettant beaucoup de cœur à la tâche. Innocent crachait ses poumons, adossé à la cheminée, lui regardait la scène et les petits bouts de chair voler en se sentant d’une inutilité profonde, et au bout de quelques minutes de ce Grand Gignol, il ne resta plus de la Tâche qu’une odeur persistante de barbecue dans la pièce. Un peu cramé, le barbecue, d’ailleurs. Le mec turquoise tourna les talons après, semble-t-il, une réflexion, et finit par sortir de la cabane, d’une manière qui impliquait qu’on avait à le suivre. Blume était un gamin obéissant, il le suivit, accompagné d’Innocent – parce que malgré tout, il allait bien falloir qu’à un moment ou un autre, il se batte.

Son meilleur ami se retourna vers lui.

« Ecoute, les Taches de niveau 3 ne sont pas beaucoup plus dangereuses que les 2 » fit-il d’un air qui semblait tellement las qu’il donna instantanément envie à Blume de le frapper. « Elles ont juste une plus grosse carapace. Faut en profiter, ça les rend lentes. Vise le ventre, les yeux... »

Tranquille, quoi.

Déjà, la grosse chose hurlante contre laquelle ils allaient se battre débarquait. Blume déglutit. Un homme, Blume, sois un homme. Loebhy s’était jeté avec joie et bonheur sur la Tâche, qui avait semblé moins apprécier la rencontre que lui ; tandis qu’elle se retournait vers Loebhan, Blume eut la présence d’esprit d’armer la carabine et de vider son chargeur en direction de la tâche. Une balle ricocha contre la carapace, mais les autres atteignirent la chair sans trop de difficultés. Ce n’était pas ça qui allait l’achever, mais au moins, ça laissait le temps à Monsieur Turquoise de se relever.

D’ailleurs, elle semblait ne pas avoir apprécié du tout la petite taquinerie de Blume, puisqu’elle fit volte-face, s’avançant vers lui et Innocent d’un pas qui sembla faire trembler les fondations de l’Arène – et il n’avait plus de cartouches dans sa carabine. Pratique. Il pivota sur ses talons – la neige lui piquait les yeux, mais bizarrement, il n’avait pas froid – et avisa après un instant un large couteau de chasse qui semblait avoir été planté dans les rondins de la cabane. Un soupir de soulagement éclaira son visage. Enfin un arme un peu maniable. Mais il n’eut pas le temps de s’attendrir sur ses retrouvailles, vu que la Tâche semblait déjà le surplomber ; appuyant son pied contre le mur pour l’aider, il tira sur le couteau, parvint à le retirer et fit volte-face, le plantant aussitôt dans ce qui devait être le flanc de la Tâche. Profitant du cri déchirant qu’elle poussa, il lacéra quelques secondes la plaie, avant de retirer l’arme avec un bruit de succion dégueulasse et de se glisser avec souplesse derrière elle. Il était déjà essoufflé. Et c’était loin d’être fini. Il resserra sa prise sur le manche du couteau, essuya machinalement le sang qui le rendait glissant sur son t-shirt et se retourna vers la Tâche.

Quelle horreur, ce truc.

Il recula sa main, et avec violence, envoya son unique arme (je sais, pas très judicieux) vers le front de la bestiole. Il alla se ficher avec précision dans un de ses minuscules yeux de fouine, et Blume eut un cri de satisfaction intérieure, constatant qu’il ne s’était pas rouillé depuis son dernier lancer de couteau. La Tâche poussa un hurlement. N’empêche que maintenant, il avait plus d’arme, et une Tâche énervée sur le dos. Il allait falloir compter sur un peu de solidarité des deux autres, sur ce coup-là.

Ne viens surtout pas m'aider connard. Loebhan était Loebhan, mais ça ne s'empêcha pas Innocent de lui lancer un regard noir. Grimaçant il dut se relever par lui-même et trouver de quoi stopper l'hémorragie. Adieu chemise, tu feras un singulier bandage le temps de terminer l'entrainement. Sauf que, maintenant à moitié à poil il risquait de se prendre un sacré coup de froid le Innocent. Il avisa une veste en grosse fourrure sentant le fumier mais ne fit aucun commentaire, l'enfilant avant de rejoindre le reste de la troupe dehors.

Pendant que Blume et Loebhan s'acharnaient sur la Tache, Innocent cherchait désespérément une arme. Quand il vit la hache quitter la main de Loebhan, il n'hésita pas et courut se l'approprier. L'adolescent dut rouler dans la neige pour éviter un coup de queue, assez puissant pour lui décoller la tête. Les mains serrées autour du manche, la veste en fourrure sur les épaules, il avait maintenant des allures de jeune pousse de viking.

La neige rougissait sous la Tache dont les viscères continuaient de s'écouler avec un bruit immonde. Le geste de Blume fut le bienvenu. Innocent se plaça dans l'angle mort de la bête, là où son ancien oeil se trouvait et où l'intact ne pouvait pas le voir. La Tache tournait sa tête, essayant de voir où se trouvait ses ennemis : Innocent suivait le mouvement.

Un battement, deux battements.

Maintenant.

Innocent glissa sous le ventre de la Tache. La nausée lui arracha la gorge : l'odeur des boyaux était écoeurante. Fronçant le nez, Innocent enfonça la lame dans les plaies déjà ouvertes, tâchant d'ouvrir plus de chair. Le cri de la Tache se faisait strident, mais Innocent continuait ses affaires malgré le sang qui semblait être partout. Sur lui, en lui. Sentant bien qu'il n'allait plus pouvoir tenir, l'adolescent donna quelques coups de hache dans les pattes de la bestiole, lui coupant les jarrets. Avant de rapidement s'éloigner de la bête avant qu'elle n'ait l'idée de s'écrouler sur lui.

L'effort demandé était bien trop important comparé à la blessure qu'il avait, sans compter l'odeur qui ne l'aidait pas. Innocent aspira à longues bouffées l'air glacé et frais des alentours, mais ça ne chassait pas les petites étoiles qui dansaient devant ses yeux.

Pas un malaise, c'est pas du tout le moment.

Une tâche verte se profila devant lui. Détonnant dans le décor de neige au sein de tout ce blanc. Ce devait être le petit Blume. S'il devait tomber dans les pommes autant que ce soit avec le nouveau que Loheban. L'autre serait bien capable de l'achever, juste comme ça. Sans raison spécifique, pas même par charité. De toute façon là, à force de trébucher en direction de l'adolescent il lui était pratiquement tombé dessus. Blume avait du le rattraper avant qu'il finisse le nez dans la poudreuse. Innocent serra ce qui devait être l'épaule de l'adolescent.

- Blume... Le Doc. Faudra aller à l'infirmerie... Je crois bien que je suis salement amoché.

Un rire cynique alors que le décor se décomposait à nouveau. Innocent sentit la chaleur effleurer son corps, lui arrachant un soupir de contentement. Il était vraiment pas taillé pour le froid.

- Tu t'es bien débrouillé... pour un bleu.

Même si ça lui faisait très mal d'admettre que ce nouveau était pratiquement frais comme un gardon alors que lui peinait à rester debout.