Génésis
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion

Partagez | 
 

 Dreiden Bhast

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Dreiden Bhast
I ain't evil, i'm just good looking
Dreiden Bhast

Messages : 356
Age : 35

Suivi Psychologique
Taches Abattues: 589
Armes de prédilection : Un fusil à pompe semi automatique
Relations:

Dreiden Bhast  Empty
MessageSujet: Dreiden Bhast    Dreiden Bhast  EmptyMar 17 Mai - 21:42

    PARTIR, C’EST MOURIR UN PEU


Dreiden Bhast  Alexbyidboomer


Nom: Bhast
Prénom: Dreiden
Âge: 22 ans
Nationalité : Franco Irlandaise
Depuis combien de temps êtes-vous dans le centre ? 2 ans
Occupation à Génésis : Pensionnaire
Faites-vous parti d’un gang ? Lequel ? Chef de Suicides Bombers
Statut : [en cours de réflexion]

    MOURIR, C’EST PARTIR BEAUCOUP



    Casier Judiciaire :
    Casier judiciaire :
    - violence gratuite
    - vol et recels
    - torture
    - traffic illicite
    - Et beaucoup d'autres choses...

    Dossier Médical :
    Déjà grand et relativement imposant de nature, il ne manquait pas grand chose à Dreiden pour qu'un "civil" baisse les yeux en le voyant passer dans la rue. Evidemment, ici au Centre, ce n'est pas quelques piercings, une coupe de cheveux bizarre et des tatouages qui feront de vous quelqu'un de particulier.
    Peu de gens reconnaissent en lui l'enfant qu'il fut... Mignon, on peut dire qu'il l'est toujours mais peu de gens osent prononcer ce mot en sa présence. Il ne veut pas être "mignon". Le mot "cute" ne fait plus parti de son vocabulaire depuis bien longtemps... Ses cheveux roux ont depuis longtemps été teints en noir, bien qu'on ne sache pas comment il fait pour se procurer sa teinture au Centre. Il possède une chevelure qui, longue, à tendance à boucler. Depuis son entrée au centre il les coiffe et les rase en une crête qui retombe sur le côté, avec la mèche du milieu teinte en bleu. On peut parfois voir ses racines rousses mais c'est une partie de son physique qu'il n'assume pas et la moindre réflexion à ce sujet se termine souvent en drame. Cette couleur lui rappel trop à quel point il ressemble à ses frères et à sn père, une vérité qu'il préfère nier.
    Il n'est pas forcément nécessaire d'apercevoir ses racines pour savoir que Dreiden est Irlandais, car il possède égalemment une peau pâle et rosée, à certains endroits tellement recouverte de tâches de rousseur qu'elle en semble dorée. Et les cicatrices qui la recouvrent en ressortent encore plus à cause de leur couleur vaguement argentée... Elles sont nombreuses et de formes variées, situées un peu partout. Au milieu de cette peau dite de porcelaine, ses yeux vous fixent d'un air dérangeant, trop perçant parfois pour être soutenu bien longtemps... Leur couleur est trop claire, trop bleue, trop lumineuse et entourée de cils trop sombres et trop nombreux. Car bien sûr, ayant une pilosité rousse voire blonde, il perd chaque matin quelques minutes pour les noircir. Ce qui contribue grandement à rendre son regard si particulier.
    La plupart du temps son regard est vif et attentif, parfois il devient terrifiant car il s'éclaircit quand il s'énerve ou qu'il ressent une forte émotion, et qu'il s'apprête à frapper... Et de temps en temps, il vous regarde d'un air condescendant, fatigué, et il semble deviner toutes les crasses qui ont bien pu vous arriver. Un regard qui en général met en confiance car il semble dire "j'ai vécu, comme toi, des choses vraiment sales". Un regard de compatriote. C'est une sensation que les gens préfèrent éviter en général car c'est une situation désagréable et fort heureusement, Dreiden regarde rarement les gens de cette manière. Il ne veut pas non plus se lier trop fortement à des gens qu'il ne connait pas simplement parce qu'il sent que vous avez vécu les mêmes désastres que lui... Car effectivement, il ne fait pas vraiment exprès de vous regarder d'une manière si compatissante.
    Enfant, il était plutôt chétif et d'allure maladive, tout comme ses deux frangins. Mais si ces derniers n'ont pas beaucoup changés depuis et qu'ils semblent toujours prêts à s'envoler au moindre coup de vent, il n'en est pas de même pour lui... En devenant ce que son père appelait un "vaurien" et un "voyou", il se mit sans vraiment s'en rendre compte à se bâtir une bonne charpente, à grand renfort de courses poursuites et de combats de rue illégaux. Il est resté mince et scelte mais on devine aisément qu'il est une personne sportive prenant soin de lui à l'aide d'exercices physiques réguliers. Que ce soit les cours de sport au Centre... Ou les scéances de boxes clandestines sur personnes non consentantes. Ayant fumé un peu trop étant jeune, sa voix peut sembler voilée et parfois, le souffle lui manque. Il rit souvent et de manière assez bruyante, et on l'entend de loin lorsqu'il se met à réprimander les membres de son gang. Ou ceux des autres...
    Les piercings de Dreiden n'ont pas une histoire en particulier, mais il y tient tout particulièrement car ils font partis des premiers signes de la rébellion qu'il opposa farouchement à son père et à ses convictions religieuses. Ils sont nombreux et sa mère, parfois, l'appelait affectueusement sa "passoire". Les premiers furent à l'oreille droite, trois dans le lobe et deux autres dans le cartilage. Les mêmes furent ensuite fait à l'autre oreille, en plus d'un tragus. Il en a également deux à l'arcade droite, et trois en dessous de la lèvre inférieure. Un autre peut être aperçut sur la langue, où il met toujours le même bijoux : une note de musique dont la base est un petit crâne... Peu de temps avant de fuir l'Irlande, il s'est fait un implant de surface à la base du cou. Il s'agit là, bien sur, de ceux qui sont visibles... Les autres, seules quelques femmes pourraient vous dire ce qu'il en est.
    Dreiden possède plusieurs tatouages, le premier datant exactement du jour de ses 18 ans. Il s'agit d'un scarabé ailé très délicat tatoué en haut du bras gauche. Les ailes de l'insecte se prolongent sur l'omoplate et le torse. Plus tard, il s'est fait faire des bandes noires sur chaque avant bras, d'environ 25-30 centimètres de large. Enfin, le dernier de taille respectable, fait en état d'ébriété : un crâne hurlant entouré de deux ailes de papillons déchiquetées, situé dans une bonne partie du dos. Ce n'est pas son plus beau tatouage mais heureusement pour lui il le voit rarement. En plus de ces trois pièces, Dreiden possède de nombreux petits signes tatoué, parfois presque caché. Il ne dit jamais où ils sont et c'est à vous de les trouver... S'il est dans un bon jour, peut être vous les énumerera-t-il : un triskell, une croix celtique, les initiales CB (inutile de lui faire la blague "carte bleue"), un phénix, un anneau, un trèfle à TROIS feuilles et une fleur. Oui, une fleur. Sur Dreiden. Ne cherchez pas à savoir.
    Niveau vestimentaire, il n'est pas du genre à se casser la tête. Un tee-shirt décontracté, avec parfois des messages provocateurs, un bon vieux jean et de grosses chaussures montantes. Parfois avec talons, ce qui le fait paraître encore plus grand qu'il ne l'est déjà. Il lui arrive de porter des bijoux, des chaînes ou des bracelets, en plus de ses piercings habituels.

    Rapport Psychologique :
    Avec deux frères jumeaux handicapés des sentiments, Dreiden a été habitués depuis tout à petit à compenser pour eux. Il riait pour trois, pleurait pour trois, criait pour trois. Ses parents eurent beaucoup à faire pour canalyser sa triple énergie, qui heureusement avec les années, se calme quelque peu. Enthouasiaste et adorable, Dreiden ne le resta pas bien longtemps. Sa première révolution lui arriva au début du collège, alors qu'il n'avait encore que 12 ans. Il était alors encore naïf et croyait fervement à la bonté des gens.
    Heureusement on se chargea de lui faire comprendre que cette vision du monde était erronnée. Encore aujourd'hui, Dreiden subit de temps en temps des "pertes de tention", moments où il reste prostré dans un coin à ressasser des idées noires et déprimantes. Heureusement cela ne lui arrive qu'assez peu souvent.
    Ce fut donc très tôt que Dreiden développa son côté rebel-je-n'en-fait-qu'à-ma-tête. Plus vous essayez de lui faire comprendre quelque chose par la force, plus il s'obstinera à vous donnez tord. Et il est très fort pour cela... Surtout si vous n'êtes pas quelqu'un qu'il affectionne particulièrement. Pour s'entendre avec lui, il faut maîtriser habilement la manipulation et passer par des voies détournées pour lui faire entendre raison... N'essayez pas les flâteries à outrance et les compliments grossiers, car bien qu'il puisse passer pour quelqu'un de stupide, il est loin de l'être. Il a juste compris très tôt qu'en passant pour quelqu'un d'une intelligence moyenne, la vie devient plus simple.
    Son instinct de protection apparut lorsque son petit frère Chess vint au monde. Il était déjà attentif à ses frères jumeaux, mais ce besoin de savoir que tout se passe bien pour les personnes qui lui sont chères s'exacerba encore. Les évènements de sa vie ne firent qu'influencer cette tendance et aujourd'hui, on peut affirmer sans mentir que Dreiden souffre d'un syndrome très prononcé de "papa poule". Heureusement, très peu de personnes sont concernées et celles qui le sont supporte bizarrement très bien d'être materner à ce point par lui. Peut être parce que cela lui confère un côté "adorable".
    Possédant par ailleurs un très fort sens de l'honneur et de la fierté, il cherchera forcément à venger ceux qu'il doit protéger si par malheur il échoue à sa mission. Ce n'est pas tout à fait un concours de celui qui a "la plus grosse", c'est une question de réputation salie et d'orgueil. De préjudices ! Impulsif, si on ne le retient pas, il bondira aussitôt pour régler l'affaire à coups de poing. Paradoxalement, Dreiden est également un très bon orateur capable de mettre une foule dans sa poche avec un seul mot. Pas seulement pour s'en servir pour taper quelqu'un qui ne lui a pas plu car, comme dit plus tôt, il est loin d'être quelqu'un de stupide. Bien qu'il prévilégiera toujours un moyen direct et franc plutôt qu'une magouille politique. Enfin peut être que c'est ce qu'il essaye de nous faire croire, pour mieux nous manipuler derrière... Dreiden est assez difficile à cerner et on est jamais vraiment sûr que ce qu'il dit est vrai ou s'il ne s'agit pas d'un leurre, s'il le fait exprès dans une intention malveillante ou s'il est réellement un bon vieux bourrin...
    La plupart du temps, Dreiden n'aime pas passer son temps à se lamenter et à ressasser les erreurs du passé, bien que cela arrive. Il préfère relever fièrement le menton et affronter ce qui lui tombe dessus directement, yeux dans les yeux. Avec sa volonter d'acier, il ira toujours au bout de ce qu'il entame et répugne à abandonner sans au moins essayer une bonne centaine de fois. Dans un autre contexte, il aurait fait un excellent super héros défenseur de la veuve et de l'orphelin, droit dans ses bottes, avec des principes inébranlables...
    Malheureusement ce fut le monde de la pègre qui mit la main le premier sur Dreiden et qui le façonna jusqu'à ce qu'il devienne ce qu'il est aujourd'hui.
    Parfois d'humeur colérique, il n'aime pas beaucoup qu'on s'intéresse à son passé et il détourne habilement la conversation lorsqu'on arrive à ce genre de conversations... Ou alors il vous dira carrément, bien en face, que vous n'avez pas à lui poser ce genre de questions intimes. On ne sait pas s'il réagit comme cela par honte ou bien par colère et par rancoeur. Il est assez déconseiller de se moquer de lui car il est assez rare qu'il fasse preuve d'autodérision. Il a l'habitude d'être respecté, et qu'on lui obéisse... L'humiliation, même la plus bénigne et la plus innocente, lui rappel de très mauvais souvenirs. Et il n'a pas envie de se les remémorer. Par conséquent, vous non plus...
    Face à une personne qu'il ne connaît pas, Dreiden peut se montrer relativement distant et discret, préférant observer de loin avant d'agir. Enfin, s'il est sobre, bien sûr. Evidemment si d'entrée de jeu vous faites preuve de grossierté envers lui ou les personnes qu'il protège, il vous chassera immédiatement à grands renforts de coups de pied dans le derrière.
    En général, lors d'une première rencontre, on prend Dreiden pour une personne joyeuse et sans soucis, qui aime plaisanter et qui a le sang chaud. Les plus observateurs remarqueront peut être la rancoeur et la mélancolie qu'il traîne discrètement partout avec lui.

    Scrapbook :
    En plus de sa voix parfois enrouée, un plus incontestable lors des concerts, Dreiden à un léger accent venu d'on ne sait où... Cumulé à sa peau pâle constellée de tâches de rousseur et à sa manie de ne jamais dire "oui" ou "non", on peut deviner aisément qu'il est Irlandais. Il paraît que ses slips sont toujours verts.

    Certains jugeront sa relation avec Enora carrément malsaine, mais il s'en fiche de manière prodigieuse. Lui et elle ont leurs propres raisons d'agir de la sorte, même s'ils n'en parlent jamais. Il paraît que c'est lui qui aurait tout arrangé pour Loebhan et Eagle, mais rien n'est officiel.

    S'il vous regarde et que le bleu de ses yeux s'éclaircit, il est recommandé de se mettre à courir très vite. Cascadeur dans l'âme, Dreiden aurait pu être un Yamakasi. Dans la nature, il est capable d'escalader un immeuble ou d'effectuer des sauts vertigineux... Certes, le Centre est un espace réduit comparé à l'extérieur, mais il vaut mieux se méfier de ses capacités, acquises au cours des nombreuses courses poursuite dans les ruelles tordues de sa ville natale... Loebhan partage avec lui ce talent particulier. Ce dernier lui a aussi appris quelques subtilités de la torture psychologique et Dreiden adore agir de manière dérangeante. L'une de ses activités favorites est de rendre Enora jalouse.
    Quand il est sobre, Dreiden fera toujours attention à éviter le contact physique avec autrui. Il ne tolère qu'assez peu de personne pour ce genre de familiarité... Au Centre, seuls Enora et les Suicides Bombers ne sont pas rembarrés lorsqu'ils le touchent. Ce n'est pas un acte de dédain envers les autres, juste qu'il n'aime pas être touché. Cela lui rappel de mauvais souvenirs.



    HEY, TOI LA, DERRIÈRE TON ÉCRAN !

Citation :

    Qui es-tu, qu’est-ce que tu viens faire là ? Je suis ton Maître et tu me dois obéissance.
    Tu es malade, tu as des problèmes ? Je... Je crois que.... NON ! Ils viennent manger mon cerveau ! Nooon !
    Peux-tu me faire une déclaration d’amour ? Crève.



Dernière édition par Dreiden Bhast le Mar 17 Mai - 22:05, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Dreiden Bhast
I ain't evil, i'm just good looking
Dreiden Bhast

Messages : 356
Age : 35

Suivi Psychologique
Taches Abattues: 589
Armes de prédilection : Un fusil à pompe semi automatique
Relations:

Dreiden Bhast  Empty
MessageSujet: Re: Dreiden Bhast    Dreiden Bhast  EmptyMar 17 Mai - 21:48

    UNE OFFRE QUE VOUS NE POURREZ PAS REFUSER

    Dreiden était affalé sur une des nombreuses tables un peu délabrées du réfectoire. Il n'accordait que peu d'attention à l'assiette remplie de chips tentatrices posée à côté de lui, d'avantage concentré sur un album photo en cuir et un petit carnet à la couverture semblable. Cela faisait bien dix minutes qu'il regardait la première page de l'album sans oser la tourner pour révéler les photos qu'il cachait. Pratiquement toute sa vie était résumée dans ces deux ouvrages, et peut être qu’il avait peur de faire face à ses « démons » du passé… Finalement, il prit une inspiration et saisit la feuille entre deux doigts pour regarder la face cachée. Il n'y avait qu'une seule et unique photo sur cette page là. Trois jeunes bambins aux sourires maladroits, chacun tenant un cierge qui paraissait énorme entre leurs petites mains. Ils étaient dans un intérieur sombre mais dépouillé, sûrement dans une église anglicane. Les couleurs de la photo étaient quelque peu passées, mais on devinait toujours la peau laiteuse parsemée de taches de rousseur et les cheveux blonds vénitiens... Trois visages identiques, à l'expression identique, aux vêtements identiques.  Quelle lassitude. Il regarda la photo qui faisait face à celle-ci : l'un des trois petits garçons - allez savoir lequel- était fourré dans les jambes de son père, un large sourire tout fier sur le visage et une ridicule tenue de scout sur le dos. Ils étaient en extérieur, juste devant un arbre… L'homme était grand, se tenait droit, et regardait l'objectif d'un air mi-sévère mi-indifférent. Ses cheveux étaient aussi roux que ceux de son fils, et la barbe bien taillée qui lui mangeait le visage devait dissimuler d'autres tâches de rousseur. Un regard extérieur n'aurait dû dire si l'enfant était Ryan, Dreiden, ou Ash. Il n'était même pas sûr que son propre père se rappel qu'il s'agissait de lui... Il n'avait pas le courage d'ouvrir le petit carnet posé à côté, l'ancien journal intime qu'il avait tenu pendant des années. Enfin, rectifia-t-il, pendant les années où il avait voulu suivre les traces de son père et devenir Pasteur. Les pages devaient êtres remplies de paroles parlant de Dieu, de Jésus, peut être un peu de Marie, du bien dans le monde... Des passages entiers de la bible recopiés, pour mieux les apprendre. Une vision naïve, innocente, touchante même. Pourquoi diable avait il gardé ça ?
    Puis Dreiden était entré au collège. Les photos qui suivaient dans l'album les montraient, lui et ses frères, à divers moment de leur jeune vie. Le premier vélo, la pêche dans l'étang dans la forêt derrière la maison familiale, l’église, le quotidien religieux... Déjà à cette époque, il était plus exubérant que ses frères. Ces derniers se contentaient de sourire timidement à l'objectif, pendant que lui semblait vouloir remporter le concours du plus grand sourire jamais vu. Surtout quand il lui manquait des dents... Malgré tout, une certaine complicité transparaissait aux travers des clichés. Ce n’était pas des frères qui s’ignoraient qu’on voyait là… Ce devait être les seuls clichés où on les voyait tous les trois heureux en même temps. Il s'arrêta un instant, cherchant dans sa mémoire la dernière fois qu'il avait parlé à l'un d'entre eux... C'était une bonne question. Ils évitaient les contacts avec lui, et lui-même n’était pas pressé de les appeler pour prendre de leurs nouvelles…
    Son visage s'illumina à la photo suivante. Ils avaient sept ans lorsque le dernier de la fratrie était né. Le petit Chess, invisible tant il était entouré. Ryan et Ash avaient l'air plus surpris que joyeux, mais Dreiden comme toujours semblait surexcité, intrigué, heureux. Il faisait de grands signes au photographe, comme pour dire "regarde, regarde, il est là". Il y avait ensuite bon nombres d'image de lui tenant son petit frère dans ses bras, toutes collées en vrac sur les pages pour en mettre le plus possible. Cette effusion soudaine correspondait bien à la vie joyeuse et bruyante qu’il menait à ce moment là. Les deux pages qui suivaient cette cacophonie étaient juste vides. On voyait de vieilles traces de colle, mais il ne restait plus rien des photos présentes ici et Dreiden lui-même ne se rappelait pas ce qu'il y avait avant. Peut être une photo de son collège, de son père tout fier devant les motivations religieuses de son fils... Quelque chose dans ce genre là. Ces deux pages marquaient son entrée en 5ème, dans le monde de la pré adolescence, et de sa rébellion juvénile. Et Dreiden savait que les seules traces de cette période résidaient dans les souvenirs... Et dans son journal intime. Plus personne dans sa famille ne voulait en parler, surtout pas ses frères, qui reniaient presque que c’était arrivé. Il s'en empara et le feuilleta avant de tomber sur la date qui l'intéressait. Il laissa de côté les premiers mots, qui devaient racontés combien il trouvait ses camarades de classe gentils ou au contraire comment il jugeait sévèrement ceux qui ne semblaient pas assez pratiquants. Il arriva à une page particulièrement raturée. Il se rappelait qu'il avait mit du temps à trouver les mots exacts pour raconter ça.

    16 octobre 1995

    Personne doit savoir. Personne ne doit jamais lire ces lignes. A part moi, pour pas que j'oublie. "Ils" sont venus après les cours.. Des grands de 3ème, je les connaissais pas. Je savais pas ce qu'ils voulaient, alors je les ai suivis. Je leur ai fait confiance. Ils m'ont parlés de papa... De son métier de pasteur...D'histoires de prêtres pédophiles que je n'ai pas compris... De mes frères...
    " tu ne veux pas qu'il leur arrive quelque chose, hein ?"
    Bien sûr que non. J'ai bien été obligé de faire ce qu'ils voulaient, sinon, ils auraient été voir Ash et Ryan.
    "on sera moins gentils".
    Maintenant qu'ils m'ont fait ça, Dieu ne va plus vouloir de moi... Ce genre de relations... C'est interdit. Interdit. Souillé... Mais pourquoi ? Si... Non... Dieu existe. Alors pourquoi il a autorisé ça ? Est-ce que je ne croyais pas assez fort ?


    Les mots devenaient de plus en plus mal écrits, enfoncés violemment dans le papier. Malgré tout, Dreiden se rappelait avoir gardé la foi. Il avait dû commettre un pêché horrible pour être puni de cette manière là. Peut être avait il été trop égoïste, trop orgueilleux de sa famille, de ses frères, de son père... Il était fort, au fond, puisqu'au bout d'une semaine il semblait déjà être en passe de se rétablir. La foi aurait put le sauver. S'ils n'avaient pas recommencés...

    25 octobre. 31 octobre. 13 novembre.
    Ils ont recommencés. Ils étaient plus nombreux et ils n'ont pas arrêté de rire. Ils s'amusaient... Avec moi. Un jouet, rien de plus qu'un jouet pour leur servir... Prier ne changera rien. Dieu ne m'entend pas. Si je veux que leurs abus cessent, c'est à moi d'agir...
    Hier, j'ai essayé d'en frapper un. J'ai réussi. Ils ont été plus violents après mais, je peux les frapper. Je peux rendre leurs coups. Je peux... Je peux.


    Désemparé, Dreiden n'avait pas sut quoi faire. Il n'osait pas en parler à son père, il trouvait cette situation ô combien déshonorante. Sa foi était ébranlée, et il n'osait plus croire en rien. Tout n'était que mensonges... Chaque parole pieuse prononcée par son entourage le mettait hors de lui intérieurement. Ne voyaient ils pas que tout ceci était forcément... faux ? Il craqua. Les premiers temps, il resta seulement silencieux, observant le monde d'un oeil nouveau. Tout ne lui paraissait plus aussi... gentil. N'importe quel religieux sait que le monde n'est pas beau et qu'il existe bon nombre de crasses, mais Dreiden était alors trop jeune et trop exalté pour s'en rendre compte de manière aussi brutale. Cependant, il lui restait suffisamment de volonter pour se rebeller. Lui qui avait toujours tout accepté de sa famille ou de l'école sans rechigner, il montra un talent indéniable pour la rébellion. La dernière chose à laquelle lui servit Dieu, ce fut quand il tenta de s'échapper en leur envoyant dans la figure sa bible "édition complète et commentée" aux éditions PLON.

    5 janvier.
    J'enchaîne les punitions sur punitions... Ni papa ni les professeurs ne comprennent pourquoi je me comporte comme ça. Je ne suis même pas sûr qu'ils aient vraiment essayés... depuis quelques temps, plus rien ne m'intéresse. Je ne me sens bien que quand je donne ou que je prend des coups... Je sors plus fort de chaque combat, et bientôt, je serais capable de protéger tout le monde.

    Dreiden ne faisait plus que provoquer les "grands" du collège pour une petite baston amicale. Il répondait aux professeurs, tapait dans les tables, commettait des actes de dégradation, commençait à voler dans les sacs... La course à pied devint, en plus de l'art de cogner, un de ses points forts au sport. Il savait qu'il aurait put battre ses agresseurs, mais s'il ne leur donnait pas une leçon digne de ce nom, ils risquaient de s'attaquer à ses frères. Ryan et Ash avaient vaguement essayé de comprendre ce qui lui arrivait, mais son aggressivité les avait vite dissuadé. Petit à petit que les jours et les semaines passaient, l'objectif de Dreiden changeait, tout comme son caractère.
    Cependant, par un quelconque miracle, il continuait à obtenir des notes correctes au collège. Parfois même meilleures que ses frères, ce qui était un véritable mystère pour ses professeurs... Ces derniers s'acharnaient à essayer de ramener Dreiden dans le droit chemin mais plus ils insistaient, plus il allait dans l'autre sens.
    Il avait sous estimé la ténacité de son père qui, devant son fils intenable, décida de violer certaines lois et de fouiller dans son journal intime. Il tomba, évidemment, sur des pages au texte inavouable. Dreiden ne savait pas combien de temps il avait passé à lire et relire ses phrases lourdes de sens, cette explication qu'il avait tant cherché. Surement avait il été choqué, horrifié... C'était il attendu à ce que son propre fils supporte quelque chose de semblable ? Probablement que non. Lorsque son enfant rentra enfin - il avait été traîné on ne sait où - il avait longuement hésité entre fuir et rester, lorsqu'il avait vu son père avec son carnet entre les mains. Ce même carnet qu'il lui avait offert bien des années plus tôt pour qu'il se "souvienne". Finalement, il n'avait pas fuit et il avait calmement affronté le jugement paternel...

    Dreiden repoussa son journal intime et soupira légèrement. Ce jour-là, il y avait eut une grande "réunion" familiale. Son père avait décidé d'exposer le problème à tout le monde, et encore aujourd'hui, Dreiden ne parvenait pas à décider si c'était une mauvaise ou bonne décision. Sa mère avait été particulièrement choquée, elle avait pleuré, serré son fils dans ses bras... Ryan et Ash n'avaient pas dit un mot, se contentant de le regarder avec des yeux ronds. Etaient ils eux aussi choqués, ou s'en moquaient ils ? Il n'avait jamais sut qu'elle attitude adopter face à ses frères à partir de ce moment là... Et vice versa. L'affaire avait été portée en justice, évidemment. Jamais le pasteur Bhast n'aurait laissé passé une telle chose sous ses yeux sans réagir, surtout s'il s'agissait de l'un de ses fils. Procès, témoignage, procès, tout ça pour qu'ils finissent en camp pour mineurs récalcitrants, ou un truc du genre... L'été de ses 13 ans fut mouvementé, et probablement les pires vacances de sa vie. Il se rappelait avoir profondément redouté la rentrée... Ce qu'allait dire les élèves, les professeurs dans son dos. Les réactions ne sauraient plus les mêmes, ses amis allaient ils l'éviter, mal à l'aise à cause de ce qui lui était arrivé ? Il ne supportait pas les gens qui le regardaient en chuchotant, évitant délibéremment son regard, faisant comme s'ils n'avaient jamais rien dit... Ils se forçaient à être aimable, parce que désormais il portait sur le front l'étiquette "victime". Les professeurs pensaient que maintenant que les coupables avaient été éloignés et que tout était finis, Dreiden allait s'assagir. Il n'en fut rien. Il détestait être devenu une sorte de bête de foire. Qui plus est, il portait dans le coeur une profonde amertume : celle de ne pas avoir mit fin à cette histoire tout seul, sans que personne ne soit jamais au courant de cette honte cuisante. Maintenant, tout le monde savait, malgré tous les efforts fournis par son père pour garder l'histoire secrète. Cependant, il était tout de même moins violent qu'avant. S'il ne cherchait plus la bagarre, il continuait à être insolent et à faire ce qu'il voulait sans demander l'avis de personne.
    Il passa à la page suivante de l'album photo. Une fois entré en 4ème, il avait recommencé à mettre des photos... La première, où il souriait enfin, était quand il avait teint ses cheveux en noir. Il avait réussit à faire passer la pilule à ses parents en prétextant une phase nécessaire où il avait besoin de se démarquer de son année précédente pour effacer des souvenirs traumatisants... Ensuite, il s'était fait percé les oreilles, comme le témoignait les quelques photos de ses lobes. Certes, ça n'avait pas été facile.. Son père, en voyant le premier piercing, s'était brusquement énervé et le lui avait arraché. En guise de revanche, Dreiden était revenu le lendemain avec trois nouveaux trous, sur l'oreille opposée. Finalement, ses parents s'habituèrent à ce Dreiden. Certes plus calme et revenant moins souvent à la maison avec des pansements et des bleus partout, mais toujours doté d'un caractère agité.
    Pour ses 14 ans, en novembre, ils lui offrirent même une guitare et les leçons qui allaient avec, comme le montrait les nombreuses photos où il brandissait fièrement l'instrument. Ils espéraient détourner le garçon, au moins un moment, de son aspiration à devenir le plus grand truand de tous les temps. Certes. Au lieu de voler des jeux débiles dans les magasins, il se rabattit sur les médiators, les cordes et autres choses de ce genre. Mais tout de même, la stratégie de ses parents marcha en parti... Dreiden se concentra beaucoup plus sur la musique et il devint extrêmement curieux de ce domaine encore méconnu de lui. Il décréta vouloir aller aux concerts amateurs dans sa ville et il y allait le plus souvent, en dépit de ce que pouvait lui dire ses parents. Cette année là, trop concentré sur la musique et son difficile apprentissage, il en oubliait presque de semer la zizanie dans son collège. Peut être qu'enfin, il avait mûri.
    Qui plus est, il était aussi occupé à aider Chess dans ses devoirs, son jeune frère venant de rentrer en CP. Certes, Chess n'avait pas vraiment besoin d'aide vu qu'il était un enfant intelligent, mais il laissait tout de même Dreiden s'occuper de lui. Il y avait de nouveau de nombreuses photos des deux frères : le plus jeune de la fratrie était le préféré du turbulant, et inversement.
    Cette année passa assez rapidement pour Dreiden. Bizarrement, au bout d'un mois ou deux, il avait finit par se moquer des regardes qu'on pouvait lui lancer... Qu'importe ce que les gens pouvaient bien penser de lui. Il se rendait compte en même temps qu'il avait plus ou moins perdu les premières années de sa vie à jouer les enfants modèles aux motivations pures et religieuses, et il était temps pour lui de se rattraper en bêtises stupides. Etre idiot, bizarrement, l'aidait en même temps à chasser les mauvais souvenirs de l'année précédente où il avait passé son temps à se faire du soucis et à se poser des questions sur l'avenir...
    La page suivante de l'album entamait l'été de 2002, celui où il avait 14 ans. C'était une des rares photos de famille prise où tout le monde était là, souriant, comme s'ils étaient vraiment unis et complices. Dreiden ne put s'empêcher de grimacer en revoyant cette vieille photo... Il se rappelait qu'on les avait forcer à la faire juste avant de partir pendant 2 semaines en France, rendre visite à de la famille lointaine. Il ne gardait pas beaucoup de souvenirs marquants de ces vacances... Sur la photo, il trouvait toujours que Ryan et Ash avaient l'air trop sérieux. Heureusement que lui et Chess souriaient comme des possédés... A cette époque, Dreiden avait les cheveux longs, toujours teint en noirs mais avec des mèches bleus. La photo suivante il n'y avait que lui, tirant la langue et révélant son dernier investissement : un piercing en forme de note de musique mais dont la base était un petit crâne. Celui qu'encore aujourd'hui il mettait le plus souvent.
    De ses vacances en France, Dreiden n’avait gardé qu’une seule photographie, prise dans une station de métro. Le garçon était assis à côté d’un jeune adulte aux longs cheveux d’une couleur indéterminée à force d’avoir été colorés. Ses mains aux ongles peints en noir faisaient deux magnifiques doigts d’honneur au photographe, un inconnu pioché au hasard parmi la foule des parisiens. C’était Maël, le cousin étrange, celui dont on préférait ne pas parler… Dreiden aurait bien aimé garder contact avec un tel spécimen mais, le jeune homme n’avait pas vraiment d’adresse fixe… Puis il avait fallu retourner en Irlande.

    La page suivante montrait plusieurs photos, assez sombres car prises de nuit, où Dreiden traînait avec une troupe hétéroclite. On le voyait le plus souvent avec un grand gaillard à la tête à moitié rasée, et ses cheveux mi-longs teints en rouge. Rhodan, l’un des deux chefs des « Warlords ». L’autre était Garalt, son grand frère de cinq ans l’aîné de Dreiden. Ils avaient décidés de réunir tous les jeunes qu’ils croisaient pour s’opposer aux adultes, leurs montrer qu’ils étaient aussi forts qu’eux… Dreiden les avaient rencontrés à un concert mouvementé, où l’aggressivité qu’il avait montré envers ceux qui le gênaient avait plu à Rhodan. Bien que 3 ans les séparaient, ils devinrent rapidement complices. Ils étaient aussi indisciplinés et moqueurs l’un que l’autre et c’était facile de plaisanter avec lui. Et Dreiden avait rapidement compris qu’il valait mieux être ami avec lui.
    Comme il sentait bien parmi les warlords, il décida d’y rester. Lorsqu’il eut 15 ans, Rhodan décida qu’il était assez grand pour commettre son premier larcin au sein de la bande… Il l’emmena, lui et quelques autres, vers une maison relativement isolée de la banlieue de leur ville. Dreiden se rappelait très bien l’air frais de la nuit, les chuchotements nerveux de ceux qui comme lui commettait leur premier vol dans une propriété privée… Rhodan lui avait expliqué que le type qui vivait là lui avait manqué de respect et rompu un contrat qu’ils avaient. Alors forcément, il fallait allez venir récupérer chez lui l’argent qu’il leur avait fait perdre… Dreiden avait adoré l’excitation et la peur ressentie à ce moment. C’était évidemment beaucoup plus fort que ce qu’il pouvait ressentir lorsqu’il volait dans les magasins, et c’était assez proche des sensations qu’il avait lorsqu’il se battait. Le vol fut un succès, et Rhodan put se montrer fier.
    Les warlords commettaient de nombreux vols, allaient jusqu’à torturer les membres des gangs ennemis qui tombaient malheureusement sur leur chemin, organisaient des combats libres dans la rue… Il leur arrivait aussi de faire du traffic, mais Dreiden était un peu « jeune » pour qu’on le laisse s’occuper de tout ça. Ce qu’il appréciait le plus, c’était les bastons organisées le soir. Ça lui rappelait l’année précédente. Il devint rapidement une des vedettes de ces petits tournois, vu l’expérience qu’il avait déjà.
    Les années passèrent doucement, et il allait bientôt être majeur. Il avait gravit les échelons au sein de la bande et il était un membre respecté dont on demandait souvent l’avis… Manipulateur et enjôleur, il avait réussi à faire croire à ses parents qu’il était plus ou moins un honnête citoyen. Il prétendait aller dans des cours du soir, des réunions d’anciens drogués, ce genre de choses.
    Il s’entendait bien avec Rhodan mais évitait toujours soigneusement le grand frère, plus taciturne et rarement d’humeur sympathique. Ils se préparaient à voler un camion rempli d’un chargement « précieux » lorsque Rhodan alla le voir. On était la veille et Dreiden était en plein dans les préparatifs. Assis sur une grosse barre en fer dans leur repère, une usine désertée de whiskey, il organisait les tours de garde lorsque Rhodan rentra précipitemment. Il avait l’air très préoccupé. Dreiden se souvenait avoir eut peur pour le gang à ce moment, craignant une descente de police…

    - Dreiden, j’ai un problème là…
    - Qu’est-ce qu’il se passe ?
    - C’est Enora.


    La jeune sœur de Rhodan et Garalt. Dreiden ne la connaissait pas autant que son frère, car vu la dose de surprotection dont elle bénéficiait, tout le monde avait un peu peur de se prendre un pain pour l’avoir fait souffrir. Malgré tout, elle participait à la vie du gang, se battait régulièrement avec les autres et participaient aux missions.

    - Elle.. Elle a un petit problème. Il faudrait que tu l’accompagnes à l’hôpital. Garalt et moi, on peut pas, avec ce camion…

    Rhodan était gêné… Était-ce parce qu’il laissait sa sœur derrière, ou bien parce qu’il empêchait Dreiden de participer ? le garçon n’avait jamais su. Il reposa les feuilles qu’il étudiait alors et accepta sans poser de questions.

    Enora attendait dehors, près d’une voiture. Ni l’un ni l’autre n’avait le permis, mais cela n’empêcha pas Dreiden de prendre le volant. Il avait apprit avec Rhodan. Elle gardait la tête baissée, l’air fatiguée et quelque peu dépemparée. Le rouquin avait été beaucoup marqué par cet épisode de l’hôpital, et il avait prit des pages et des pages dans son carnet pour le décrire dans ses moindres détails. Aujourd’hui encore il se rappelait tous les évènements avec une précision qui lui faisait presque peur. Alors qu’ils approchaient de l’hôpital, le ciel gris s’était mit à déverser sa pluie emmerdante. Au bout du 4ème feu rouge, Dreiden se décida à engager la conversation…

    - C’est rien de grave j’espère ?

    Elle avait sursauté et lui avait adressé un bref regard ahuri et outré à la fois. Elle s’était rapidement détournée pour fixer la route d’un air buté, comme si elle voulait la faire exploser par la force de ses yeux verts.

    - Il t’a rien dit ?
    - Non.
    - Tss !


    Elle avait eut l’air profondément agacée et sans doute se retenait elle de ne pas exploser. Il n’avait pas compris ce qu’elle sifflait entre les dents, mais c’étaient probablement des insultes envers son frère. Sage, il n’avait pas insister mais de nombreuses suppositions se bousculaient dans son crâne. Il avait fini par trouver une place dans le parking bondé de l’hôpital, et ils avaient eut de la chance de n’avoir aucune contravention vu sa façon de faire. Elle avait l’air d’être déjà venue dans l’hôpital pour régler tous les détails, peut être avec ses frères. Dreiden se rappelait l’impression oppressante ressentie alors qu’ils déambulaient dans les couloirs un peu trop sombres de l’établissement… Le malaise était devenu total lorsqu’ils arrivèrent à la section « maternité ». Les regards que les femmes enceintes dardaient sur lui étaient lourd de sens. Elles n’avaient que peu de suppositions à faire, en voyant deux jeunes gens arriver ainsi dans un tel service. Enora s’était brièvement retournée pour le regarder à son tour, semblant dire d’un air horriblement sinistre « alors, t’as compris maintenant ? ».
    Un médecin d’âge indistinct lui parla, mais Dreiden n’avait rien entendu de la conversation. On avait conduit Enora dans une chambre d’hôpital. Il aurait put partir, il l’avait bien compris à son attitude, mais s’en aller et la laisser seule dans un endroit aussi sinistre lui paru bien cruel. On l’autorisa à rester. Il avait posé quelques questions anodines, il ne savait plus lesquels, et elle avait répondu avec lassitude. Sans doute en voulait elle mortellement à ses frères de l’avoir abandonnée dans un cas comme celui-là. Dreiden n’était pas aussi stupide qu’il voulait bien le laisser paraître, et il avait deviné qu’Enora n’était pas ici parce qu’elle comptait devenir mère. Pas à 16 ans.
    Sa nuit, il l’avait passée dans la voiture. Le lendemain matin, il était retourné voir Enora, jusqu’à ce qu’on l’emmène au bloc. Probablement que tous les gens qu’ils avaient croisés l’avaient pris pour le père fautif, vu les regards étranges qu’on leur lançaient. Il avait ressenti une impression tellement étrange, lorsqu’il s’était assis dans la salle d’attente. Autours de lui, il n’y avait que des pères angoissés et excités qui patientaient. Rien que d’y repenser aujourd’hui, Dreiden se sentait nauséeux. Le temps avait paru si long… Un de ses futurs pères lui avait brusquement adressé la parole :

    - Dis donc ! Vous êtes un précoce, vous !

    Aujourd’hui, Dreiden plaindrait presque le pauvre homme car à l’époque, il lui avait lancé un regard particulièrement flippant, tant il était à la fois choqué, ahuri, furieux et très aggressif. Il l’avait rembarré d’un « nan mais j’t’ai causé, toi ?! » et voulu sortir griller une cigarette de toute urgence, mais une infirmière lui annonça qu’Enora était sortie du bloc. Il s’était empressé de fuir cet endroit maudit, et peut être qu’alors qu’il franchissait la porte, le pauvre bougre qu’il avait incendié comprit son erreur grossière. Dreiden venait proprement de lui gâcher la naissance de son enfant.

    Enora avait mit du temps à se remettre de cette lugubre expérience. Rhodan et Garalt choyèrent leur petite sœur, comme pour rattraper leur incommensurable bourde, mais même avec ça elle ne semblait pas beaucoup plus à l’aise. En désespoir de cause, le cadet était aller chercher Dreiden alors que ce dernier sortait du lycée. Rhodan avait encore cet air gêné, le même que lorsqu’il avait demandé au rouquin de s’occuper d’Enora. C’était la première fois que le frère de la jeune fille voyait les frères de Dreiden, qui se stoppèrent net en voyant cet étrange individu attendre devant la porte en fer forgé de leur lycée. Leurs regards bleus coulèrent directement vers leur frangin, certains de qu’il y était pour quelque chose dans la présence de ce personnage plus que louche. Ç’avait été tellement drôle… En y repensant, le garçon eut un sourire espiègle. Rhodan avait compris la situation assez rapidement, vu la ressemblance entre la fratrie, et il avait déjà vaguement entendu parler de la situation familiale de Dreiden. Mieux valait ne pas trop se vanter d’avoir un père religieux.
    Les deux délinquants rièrent longtemps de l’air indigné de Ryan et Ash lorsqu’ils étaient partis dans une voiture rugissante déversant par ses fenêtres ouvertes de la musique métalleuse. Ils avaient fait le tour de la ville à toute allure, cigarettes aux becs… Puis Rhodan s’était arrêté dans un parking de supermarché, non loin de leur usine désaffectée. Il avait retrouvé son air sérieux et gêné.

    - Enora refuse de nous parler.

    C’était peut être normal, quelque part.

    - Vu que ça c’est bien passé, l’autre jour… Peut être pourrais-tu aller lui parler ?

    A l’époque, il n’avait pas vraiment discuté. Il avait simplement hoché la tête en rallumant une autre cigarette. Aujourd’hui, il se demandait si Rhodan n’aurait pas dû faire un peu plus d’efforts pour se rapprocher lui-même de sa sœur. Si quelque chose d’aussi grave arrivait à Chess, son so adorable petit frère, il ne pouvait pas imaginer le laisser seul affronter tout cela.
    Il prit son rôle de « nounou » au sérieux et s’arrangea, innocemment, pour passer du temps avec Enora. Il se rappelait qu’il avait été difficile de jongler entre Enora, ses responsabilités dans le gang, et sa famille. Après avoir réfléchi, il avait finalement désigné quelqu’un pour le remplacer lors de certaines missions pour les Warlords. Loebhan était parfait pour ça. Un peu plus âgé que lui, il faisait parti du clan depuis un peu moins longtemps. Tout comme lui, il était une sorte de vedette des combats illégaux organisés par leur clan… Sa personnalité tordue convenait parfaitement à leur monde et il remplaça Dreiden avec beaucoup d’efficacité. Les deux garçons s’entendaient bien, et le rouquin savait comment remercier Loebhan des services rendus…
    Il tourna la page de son album photo. Enora, les yeux grands ouverts par la surprise et l’incompréhension, posait à côté d’un Chess exubérant. Après quelques mois à faire connaissance avec la jeune fille, un lien d’amitié avait finir par les unir. Tous deux semblaient avoir vécu des choses pas très glorieuses ni agréables, et ce genre d’expérience commune rapproche souvent les gens. Dreiden décida, un soir, de l’inviter à un petit dîner familial. C’était surtout pour qu’elle rencontre Chess, car l’innocence et la gentillesse du gamin avait toujours agit sur lui comme une espèce de baume au cœur et il espérait qu’il en irait de même avec elle. Pour commencer, l’air grave, il avait présenté Enora à sa famille en expliquant qu’ils s’étaient rencontrés à une de ses soirées d’anciens drogués et qu’il avait été en quelque sorte son parrain. Ce petit repas était un genre de récompense pour ne pas avoir touché à de substances illicites depuis longtemps. Le mensonge passa tout seul, et ses parents avaient hochés la tête, l’air presque émus. Seuls Ryan et Ash restaient de marbre. Dreiden n’avait jamais su s’ils étaient dupes de ses mensonges ou non…
    Chess avait été adorable, comme toujours. Il venait de rentrer au collège et Dreiden s’inquiétait régulièrement de savoir si personne osait poser la main sur lui… Le dîné terminé, ils les avaient emmenés chez un glacier qi fermait tard. Il n’avait plus confiance dans le reste de sa famille depuis qu’il avait surpris son père lisant son journal intime. D’ailleurs, depuis ce jour, il n’avait plus écrit de choses compromettantes dedans. Chess, comme toujours, était immédiatement devenu ami avec Enora. Lorsqu’ils rentrèrent et que Dreiden envoya son frère se coucher, la jeune fille décida d’attaquer. Il se rappelait de son regard devenu brusquement sérieux, comme lorsqu’elle s’apprêtait à cogner quelqu’un.

    - Il t’est arrivé quelque chose quand t’étais gosse, non ?
    - De quoi tu parles ?
    - Ne fais pas l’innocent… Je peux voir ça. Et ça transpire partout dans cette maison… Surtout avec Ryan et Ash.


    Butée comme elle était, il avait compris qu’elle n’abandonnerait pas avant de savoir. Peut être que comme ça elle aurait l’impression d’être sur un pied d’égalité avec lui : chacun serait au courant d’un secret un peu « sale » de l’autre… Sans un mot, il avait été cherché son journal intime tenu à l’époque de ce qui lui était arrivé, ce même carnet qu’il regardait aujourd’hui, et il lui tendit ouvert à la bonne page. Il se rappelait avoir été sur son ordinateur, pianoter deux trois trucs inutiles. Soudainement, deux bras blancs étaient apparus et Enora l’avait doucement serrée contre lui. Dreiden était à présent sûr que cet avortement, ce n’était pas le fruit d’un oubli…

    La photo suivante dans son album en étant la preuve flagrante. Quelques jours après qu’Enora apprenne pour son propre passé, il y eut une petite réunion dans l’ancienne usine de whiskey… il faisait nuit depuis une petite heure lorsqu’une voiture apparut au bout de l’allée… C’était Loebhan qui la conduisait. Le regard morne et blasé, il sortit et fit descendre son passager qui était proprement ficelé sur la banquette arrière. Le pauvre type semblait avoir la trouille de sa vie. Il fut proprement jeté dehors et les 6 garçons présents se mirent en cercle autours. Il y avait Loebhan, Dreiden, Rhodan, Garalt et deux autres « personnalités » du gang. C’était donc lui, celui qui avait cru pouvoir toucher à Enora sans qu’il y ait de répercussions plus tard…
    Pauvre con.
    En y repensant aujourd’hui, Dreiden eut un petit rire cynique. Après s’être occupés de lui, il avait tranquillement prit une photo, celle-là même qu’il regardait en ce moment. On ne le reconnaissait même plus, cet espèce de grande perche blonde, le genre de mec qui au lycée n’a qu’à faire un clin d’œil à une nénette pour qu’elle lui tombe dans les bras. Qu’avait elle bien pu lui trouver, à ce grand crétin ? Après avoir prit la photo, il lui avait craché dessus en lui lançant une ultime insulte. Il avait aussi prit une photo avant, pour s’amuser de la comparaison. Loebhan lui remit son sac sur la tête et le chargea dans sa voiture. Enfin, dans la voiture qu’il avait emprunté. Il n’avait pas l’air ravi, et Dreiden savait pourquoi : ce qu’il aimait, dans les combats, c’était prendre des coups. Alors en donner, forcément, c’était moins jouissif.
    Il avait montré les photos à Enora le lendemain, et elle les avait contemplé avec satisfaction. Justice était faite.
    Quelques mois passèrent, jusqu’à l’Incident. Dreiden n’en avait aucune photos, mais l’évènement était imprimé dans son esprit de manière indélébile… Lui-même avait participé à cette mission désastreuse. Ils étaient 3, lui, Loebhan et Rhodan… Le but de l’opération était d’aller vandaliser les stocks de munitions d’un gang ennemi qui commençait à leur causer des ennuis. D’après leur informateur, le lieu devait être vide parce qu’ils fêtaient dignement l’anniverssaire de leur chef.
    Devait être. Parce qu’il ne l’était pas du tout… Ils étaient attendus. Soit leur informateur était un pourri, soit on les avait trahis. Le résultat était le même de toute façon, et sur le moment, ils s’en moquèrent bien. Ils défendirent leur peau tant bien que mal, mais en s’enfuyant, Rhodan se fit sévèrement cogner la tête. Il s’effondra et Dreiden et Loebhan durent le porter jusqu’à la voiture. Heureusement que Loebhan gardait son sang froid en toute circonstance… Cela aida grandement l’ancien rouquin à garder la tête froide. A peine arrivés à leur repère, le médecin du gang les attendait déjà. Mais il après un examen approfondi, il secoua la tête et expliqua que Rhodan devait être conduit à l’hôpital. Un simple médecin ne pouvait rien faire… Et de toute façon, Dreiden avait besoin d’un bon plâtre. Son bras était cassé en deux endroits.
    Le rouquin était déjà à l’hôpital quand Enora apprit la nouvelle, mais on lui raconta plus tard qu’elle était devenue complètement hystérique et avait fait des menaces de mort jusqu’à ce qu’on accepte de l’emmener en voiture. Lorsqu’elle arriva, Dreiden avait déjà son plâtre et il avait raconté aux médecins que lui et Rhodan avaient fait une chute dans des escaliers. L’infirmière avait voulu le garder en observation pour une nuit, mais Dreiden avait été… persuasif. Il put ainsi veiller sur le frère d’Enora toute la nuit, accompagné de la jeune fille.
    Cet incident eut beaucoup de répercussion sur le gang. Garalt avait convoqué une partie des Warlods deux jours après, alors que l’état de son frère n’avait pas chagé. Ses cheveux jusque là décolorés étaient brusquement d’un noir aile de corbeau et son visage était encore plus grave que d’habitude. Dreiden s’était même demandé comme c’était possible. Il s’y était attendu, mais la nouvelle lui fit tout de même l’effet d’une gifle… Garalt mettait fin au gang, comme ça, parce que ça devenait trop dangereux. L’accident de Rhodan lui avait ouvert les yeux, et on ne pouvait pas continuer comme ça. Rentrez chez vous, reprenez vos études… Enora s’était levée, furieuse, et elle avait marché sur Garalt à grands pas déterminés. Devant tout le monde elle l’insulta, rouge de colère, et alla jusqu’à le menacer. Mais comme son frangin ne voulait pas en démordre, elle s’exclama, l’index enfoncé dans son torse :
     
    - Très bien ! JE reprend le gang ! Et tu regrettera d’être parti !

    Les yeux luisants et l’attitude digne, elle s’éloigna. On entendait presque le silencieux « qui m’aime me suive ».
    Mais sans Rhodan et Garalt, beaucoup s’en allèrent. Une fille à la tête d’un gang ? Mais bien sûr… Personne ne voulait prendre de risque. Il y avait bien Dreiden qui resta, occupant désormais le poste de « chef adjoint », mais avec son plâtre, il n’avait plus autant de persuasion. Loebhan resta aussi, rejoignit le duo, et cela fit revenir quelques anciens membres. Malheureusement, la grand-mère de ce dernier décéda au bout d’un mois et il dû retourner vivre en France. Et très vite, il ne donna plus de nouvelles du tout… Dreiden se rappelait lui en avoir beaucoup voulu. Certes, Loebhan n’était pas du genre très affectif, mais il pensait tout de même être devenu ami avec lui. Il avait un peu l’impression qu’ils n’avaient été qu’une distraction pour lui…
    Mais Dreiden avait beaucoup à penser à ce moment là pour se lancer dans des recherches. Il fallait remettre le gang sur pied, reprendre contact avec leurs anciens informateurs, verser des pots de vin pour rester dans la course… Il fumait cigarettes sur cigarettes pour se calmer mais un soir, en planque dans une vieille bagnole, il voulu en griller une et Enora la lui enleva avant de la jeter dehors. Il avait été choqué et avait exigé des explications. Depuis quand n’avait il plus le droit de se pourrir la santé en toute impunité ? Le regard vert de la jeune fille s’était durcie, et elle avait sèchement déclaré qu’elle avait déjà suffisemment du mal avec ses poumons pourris pour qu’il en rajoute avec son pétrole. La suite de la planque c’était passé en silence. Dreiden, dans sa sagesse incommensurable, avait préféré ne pas en rajouter. Depuis, il dû abandonner son amie la Nicotine et apprendre à extérioriser sa nervosité d’une manière différente… Dès que son plâtre fut enlevé, il se plongea avec délectation dans le monde des combats illégaux. Son agressivité et sa rapidité lui valaient l’admiration des plus jeunes et cela leur permettait à lui et Enora de remplir un peu leurs rangs dessimés. Dreiden aurait su qu’il allait devenir à ce point bagarreur, violent et insultant, peut être aurait il prit peur et serait il parti. Mais sur le moment, faire preuve d’une dureté presque tyrannique à l’encontre de son gang lui paraissait tout à fait naturel… Enora mordait et arrachait les oreilles. Lui les coupait.
    Le gang, sans Rhodan et Garalt, avait perdu le monopole du trafic dans leur ville. Un autre gang rival avait repris les rênes et « volés » leurs fournisseurs. Il se trouvait, comme de par hasard, qu’ils étaient aussi la bande responsable du coma du frère d’Enora. Il était plus qu’évidant qu’une revanche sanglante s’annonçait… Enora et Dreiden décidèrent de prendre leur temps pour préparer le coup du siècle. Une combinaison qui leur permettrait de se débarasser de ce gang rival et de récupérer leur marchandise pour les revendre. Et ainsi, retrouver leurs anciens fournisseurs. Ils envoyèrent un nouveau, un jeune blondinet au regard un peu fou, errer dans les bars pour se faire aborder par le gang rival, ce qui finit par arriver. Par ce moyen, ils parvinrent à attirer dans leur usine désaffectée un « gradé » ennemi…
    Pour effrayer cette « sous espèce de raclure de chiotte » et pour lui soutirer des informations, Dreiden l’avait attaché par les bras et laissé pendre, laissant son dos dénudé. Derrière lui, invisible, il lui avait susurré d’une voix grave qu’il allait tranquillement lui brûler le dos avec son chalumeau jusqu’à ce qu’il parle… L’autre ne l’avait pas cru. Dreiden avait fait crâmer un bout de viande posé à côté de lui et collé un bout de sorbet dans le dos de sa victime qui, terrorisée, avait aussitôt tout avoué après plusieurs coups de glace.
    Ce fut un véritable plaisir de raconter cette glaciale anecdote plus tard, et Enora avait beaucoup apprécié cet effort de pervesitude.
    Ils purent ainsi dégotter les cachettes secrètes remplie de fournitures diverses à écouler sur le marché. Dreiden se servit d’anciennes informations dégotées par Loebhan pour faire pression sur leurs anciens fournisseurs pour détenir de nouveau le monopole.
    Le rouquin se rappelait toujours comment ils avaient fêtés ce gros coup. Les photos dans son album avaient beau être floues et mal cadrées, on les voyait très nettement, lui et Enora, collés l’un à l’autre comme si leur vie en dépendait. Il ne se rappelait plus qui avait prit les photos et était venu le voir le lendemain, alors que son crâne menaçait d’exploser, pour lui tendre ses tirages avec un grand sourire goguenard. Dreiden ne se rappelait pas non plus quelle punition il avait subie, mais elle avait été salée.
    La vie avait reprit son cours. Les photos suivantes ne témoignaient pas d’un moment important de sa vie… On le voyait avec Chess, ou en train de s’époumoner alors qu’il s’énervait sur sa pauvre guitare bleue. Plusieurs têtes importantes du gang traînaient aussi, mais il ne se rappelait pas avoir été très proches d’eux… D’ailleurs, l’un des visages avaient été entourés de rouge au marqueur. Un espèce de crétin qui souriait comme si de rien n’était, alors qu’à cause de lui, Enora et Dreiden avaient dû partir d’Irlande, quitter leur gang, tout recommencer ailleurs… Alors que les Warlords sortaient enfin de leur coma. Ce type, dont il avait oublié le nom, leur avait révélé qu’un certain policier possédait des informations comprométantes à leur égard. Il avait obtenu des noms, des réseaux, des adresses… Dreiden et Enora, inquiets, avaient décidés d’aller fouiller sa maison. Et c’était ce même type qui leur avait fourni l’emploi du temps du dit flic… Sûrement un enfoiré d’informateur, parce qu’en plein milieu de la fouille, le type était rentré. Heureusement que Dreiden avait une ouïe fine, car l’entendant venir, il s’était glissé derrière lui et sans autre forme de procès, il lui avait coupé l’oreille. C’était marrant. Et puis ça saignait bien… Peut être avait il un peu paniqué aussi. Le type chercha à se défendre et Enora, folle de rage, se jetta sur lui. Le pauvre se vit délester de sa seconde oreille d’une manière beaucoup plus bestiale, et une lampe alla violemment lui dire « bonjour » à l’arrière du crâne…

    Le type s’était écroulé sur le sol et une marre de sang s’était formée. Ça n’avait pas été un moment facile… Ils avaient fuit avec Enora, appelant les urgences et laissant un message relativement incompréhensible… L’usine ne leur avait pas paru une bonne cachette et ils avaient préférés attendre chez Dreiden que les choses se tassent. Mais le père de ce dernier n’était pas forcément totalement stupide et il se doutait que son fils n’était pas blanc comme neige. Cependant, certes, il ne s’attendait pas à ce que son fils trempe autant dans de sales affaires. Lorsqu’il vit aux informations ce policier très gravement blessé plongé dans un coma artificiel, il fit rapidement le lien avec l’attitude douteuse de son fils et de cette fille qu’il hébergeait temporairement. La colère paternelle fut aussi terrible que celle de Dieu après les humains quand ils construisaient la tour de Babel. Bizarrement, c’était la seule comparaison qui venait à l’esprit de Dreiden… Son père les chassa proprement de la maison familiale, d’une manière tellement expéditive qu’il ne put dire au revoir à Chess. Dieu seul savait combien Dreiden en voulait à son père juste pour cela…
    Le décision avait été prise assez vite. Les Warlods étaient finis avec cet incident, et ils n’eurent aucun remords à vider les caisse de leur gang pour s’offrir des billets pour l’étranger. Dreiden parlait couramment français avec sa mère française, et Enora bénéficiait des maigres connaissances offertes par le lycée… Et d’un professeur très patient. Ils décidèrent donc de s’envoler pour Paris. Le rouquin y était retourné plusieurs fois depuis sa rencontre avec son étrange cousin et il était finalement parvenu à garder contact avec lui. Ce fut lui qui se chargea de les héberger les premiers temps. A cette époque, Dreiden approchait de ses 20 ans et il n’avait pas vraiment fait d’études. Enora sortait tout juste du lycée. Ni l’un ni l’autre n’était apte au monde du travail, mais Maël, le cousin, trouva un petit boulot de barman à Dreiden. La situation était toujours précaire, mais elle commençait à se redresser quelque peu. Pendant un temps, ils oublièrent leur rêve de gang et de reigne incontesté sur le monde de la pègre… Ce qui ne les empêchait pas de se renseigner, par l’intermédiaire de Maël, sur le fonctionnant de l’illégalité à Paris. Quelques semaines passèrent, assez difficiles pour Enora qui ne connaissait que peu de chose à la vie française. Le cousin de Dreiden s’arrangeait avec ses contacts pour leur trouver des faux papiers…
    Un soir, avec une bande de potes de Maël, ils allèrent au supermarché en bas de leur immeuble pour se ravitailler en bières, en vue d’une petite soirée. Ni Dreiden ni Enora ne s’imaginèrent un instant qu’ils allaent sortir des battes de base ball pour tabasser allègrement quiconque se mettrait en travers de leur route… De nombreuses dents tombèrent, de quoi confectionner quelques dentiers. Même après avoir prit ce qu’ils voulaient, ils s’amusèrent sur les quelques mendients qui quémandaient quelques pièces à la sortie du magasin. Les Irlandais étaient certes habitués à ce genre de scène, mais chez eux. Et normalement, ils étaient aux commandes… On les prévenait… Personne n’osait faire la moindre action sans leur autorisation. N’ayant pas prit soin de couvrir leurs visages en entrant comme les autres, ils furent immédiatement interpelés. La police appela les autorités Irlandaises et on aurait pu penser que c’en était fini d’eux… Mais le Centre eut apparement vent de cette histoire et ils décidèrent qu’ils avaient absolument besoin de ces Bonnies and Clyde modernes.
    Dreiden referma son album photo. Cela faisait un moment que son regard bleu était vissé sur la dernière photo, alors que son esprit vagabondait et ressassait les choses du passées. Il se leva et s’étira longuement avant de s’emparer de son album et de son journal intime. On était en plein milieu de l’après midi, et personne n’était présent dans le réfectoire. Pas même les serveuses et leur air aimable de mérou. Il sorti discrètement un briquet de sa poche et commença à faire brûler ses affaires. Evidemment, il avait oublié l’alarme anti incendie et on l’emmena aussitôt à l’isoloir, croyant qu’il voulait faire brûler le Centre… C’est vrai qu’il aurait pu être un peu plus malin sur ce coup là…
    Cette chère Karine, la surveillante qu’il allait apprendre à connaître et à détester, l’amena donc dans un coin reculé du Centre qu'il ne connaissait pas. L'administration avait prit soin de placer l'Isoloir dans un endroit particulièrement sombre et glauque qui seul suffisait à déprimer les jeunes délinquants qui y passaient. Devant la porte blindée de cette pièce magique qu'il allait explorer minitieuement tout le temps de son enfermement se trouvaient deux trois personnes, dont la psychologue Anna, le médecin et... Un homme à peine plus âgé que lui, aux cheveux turquoises et aux yeux noirs blasés. Dreiden se frotta les yeux, se lança une baffe mais non, il était toujours là. Et il était sûr de connaître son identité...

    - Loebhan ? Qu'est-ce que tu fous ici ?

    L'autre redressa la tête et, miracle, un brin de surprise passa dans son regard mort. En revanche, il ne vit pas venir le coup de poing "affectueux" de Dreiden. Malheureusement, Karine et Doc les séparèrent avant que les baffes du rouquin n'aillent montrer à Loebhan à quel point il lui avait manqué. Un coup bien placé alla le calmer directement et il entendit à peine ce que son ancien ami racontait à cette surveillante. Quelque chose du genre "non je refuse de vous dire comment le torturer. Enfermez le juste, et ce sera déjà bien". Il ne comprit pas tout de suite ce que cela pouvait bien signifier...

    L'isoloir, même s'il y passa peu de temps, Dreiden n'aime pas en parler. Il détourne habilement la conversation lorsque l'on commence à glisser sur ce terrain... Une fois sorti, il s'empressa d'aller retrouver Enora qui elle-même était avec Loebhan. Elle n'en revenait pas qu'il ait coupé ses longs cheveux bleus et elle ne cessait de répéter, hébétée, "pourquoi ?". Elle avait à peu près eut la même réaction lorsque Dreiden s'était rasée la tête pour se faire une crête, qu'il laissait retomber sur un côté. Ce qu'elle appelait un "soucis de parallélisme".
    Loebhan, toujours aussi secret et mystérieux, ne désira pas raconter comment il s'était retrouvé là ni même qu'elle était sa fonction au sein de ce Centre. Très bien, Dreiden ne chercha pas à savoir... Il était habitué.
    La salle de musique devint rapidement la seconde maison de Dreiden, là où il rencontra entre autre Neill et Captain Eagle. Quelques mois plus tard, Angela alla les voir pour leur proposer de former un petit groupe de musique, ce qu'ils acceptèrent avec enthousiasme. L'explosif Neill fut proclamé chef officiel du groupe, bien que ce dernier soit principalement dirigépar Eagle et Dreiden, discrètement. Rapidement fut greffé au groupe le timide Major et sa guitare basse, et l'on se rendit bientôt compte qu'il n'était pas toujours aussi discret qu'il en avait l'air. Le rouquin proposa alors de joindre au groupe un pianiste talentueux, Loebhan. Ce dernier, après de longues négociations, accepta de se joindre "temporairement" au groupe. Comme les Suicides Bombers eurent rapidement du succès, grâce à une musique enragée et quelque peu violente, un groupe de fan se forma et prit de l'ampleur. Enora et Dreiden y virent aussitôt la possibilité de renouer avec leur passé de meneurs et ils en profitèrent. Les autres musiciens n'y virent aucun soucis, pour le peu qu'on leur demanda...
    D'autres gangs se formèrent parallèlement, dont notamment le Mad Gang, des espèces de fous furieux dirigés par des jumeaux tarés... Dreiden avait relativement du respect pour eux. Jusqu'à ce que l'un de ces deux chef trouve intéressant de venir draguer Enora : l'instinct de protection, et peut être bien autre chose, du rouquin s'en trouva indigné. L'autre n'eut pas tout de suite le temps de comprendre, tant Dreiden fut rapide pour lui présenter de manière brutale son poing droit. La guerre était déclenchée entre les deux gangs. Ils ne se détestent pas spécialement, au fond, mais on a toujours besoin de quelqu'un pour taper allègrement dessus. L'administration les laisse plus ou moins faire, profitant de leur rivalité pour les mettre en concours et les faire progresser.

    Cela fait maintenant deux ans que Dreiden est au Centre, toujours accompagné d'Enora et de leur gang. Il est toujours aussi prêt à tabasser du petit nouveau pas sage et il est assez connu dans le Centre pour que peu de gens vieinnent lui chercher des crosses. A part le Mad Gang, bien sûr, et deux trois têtes brûlées qui n'ont pas peur de se faire taper dessus...


Revenir en haut Aller en bas
 

Dreiden Bhast

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 

 Sujets similaires

-
» Unleashed [Dreiden]
» Retour de mission [PV Dreiden]
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Génésis :: HORS JEU :: Présentations :: Validées-