Génésis
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 Enora - Bouffeuse d'oreilles.

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Enora Stoker
My Army Is Like a Beast.
And That Beast Will Be Fed
Enora Stoker

Messages : 456
Age : 34

Suivi Psychologique
Taches Abattues: 571
Armes de prédilection : Poing américain, Griffes, et fusil d'assaut.
Relations:

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MessageSujet: Enora - Bouffeuse d'oreilles.   Enora - Bouffeuse d'oreilles. EmptyLun 16 Mai - 17:04

    PARTIR, C’EST MOURIR UN PEU


Enora - Bouffeuse d'oreilles. 1snyuq


Nom: Stoker
Prénom: Enora
Âge: 21 ans
Nationalité : Irlandaise
Depuis combien de temps êtes-vous dans le centre ? 2 ans.
Occupation à Génésis : Pensionnaire
Faites-vous parti d’un gang ? Lequel ? Membre actif et une des chef officieuse des Suicides Bombers
Statut : My army is like a beast. And that beast will be fed.


    MOURIR, C’EST PARTIR BEAUCOUP



    Casier Judiciaire :
    Participation à des bagarres de rues
    Vol/recels
    Consommation d’alcools étant mineure
    Ex cerveau d’un gang de rue
    Torture
    Faux et usage de faux

    Dossier Médical :
    C’est vrai qu’à première vue, Enora n’a pas grand-chose de particulier. Elle est plutôt jolie oui, mais sinon, rien qui mérite spécialement qu’on se penche sur elle. Elle a une peau rosée presque sans défaut si on épargne les dizaines, voire les centaines de cicatrices nacrées qu’elle a partout sur le corps. En fait il faut être complétement aveugles pour ne pas les voir sur ses parties de peau visibles. Il y a relativement peu d’expressions qui passent sur le visage d’Enora en temps réel. Et quand elles viennent se poser sur sa bouille, ce sont des pures expressions dans leur parfaites formes qui en sort. Que ce soit la mine basse de la tristesse, les sourcils foncés de la mauvaise humeur, ou alors le sourire en coin de la provocation. Ses yeux verts sont un peu trop brillants pour être innocents. De base, elle possède de grands yeux curieux, toujours grands ouverts et attentifs. Mais avec le temps et les malheurs, ils donnent l’impression d’être petits, et toujours dans une expression de souffrante perpétuelle. Même quand elle sourit ou rit. Si elle aime le faire pour asseoir son côté de dirigeante, elle a du mal à regarder les gens dans les yeux. Elle qui a tellement de choses à cacher, elle a l’impression que n’importe qui pourrait deviner ce qu’elle a sur son cœur en la regardant bien. Enora ne se doute pas que ses faits et gestes la trahissent assez comme ça.
    Ce qu’Enora apprécie surtout chez elle, ce sont ses longs cheveux bruns qui encadrent l’ovale de son visage. Sa tignasse est plutôt lisse, et descend jusque sous sa poitrine. Au soleil, il y a de très légers reflets roux. Elle aime beaucoup les soigner, les coiffer, et les tripoter sans cesse. Par contre, pas la peine qu’une autre personne se risque à y toucher, elle n’aime pas du tout ça. Parfois, elle les attache en arrière, à l’aide de tresses qu’elle fait de chaque côté pour les relier derrière sa tête, et que les cheveux ne lui tombent pas devant les yeux.
    D’un taille plutôt moyenne, voir même légèrement petite, elle est pourtant loin d’être chétive, et le traitement de force qu’elle s’inflige depuis l’enfance fait qu’elle est musclée et athlétique. Pourtant ce n’est pas du tout l’impression qu’elle donne. En fait on a tendance, en voyant son visage, de penser à quelqu’un de délicat. Pourtant c’est loin d’être quelqu’un de facile à mater et qui se laisse faire. Personne ne se doute de ce dont elle est capable. C’est vrai qu’elle est petite et mignonne. Mais sa force physique et son aptitude au combat sont encore plus véritables.
    Ses années passés devant les miroirs de ses cours de ballets, ont fait qu’elle a eu l’occasion de développer une souplesse et une agilité non négligeables. Qui donne l’impression qu’elle est naturellement gracieuse. Elle possède même une démarche lente et princière, presque arrogante, comme les félins. Bien évidemment, sur le ring ou en mission, elle est beaucoup moins gracieuse. Pourtant, chacun de ses mouvements semblent contrôlés, calculés. A force de travailler sur des chorégraphies, elle a un sens certain du rythme. On peut même la voir s’entrainer jusqu'à tard le soir au gymnase. Mais malgré ses qualités physiques, Enora a un point faible. Elle craint les chatouilles, horriblement. Plus particulièrement vers les côtes. Elle ne peut s’empêcher d’hurler de rire jusqu'à s’en étouffer, même si ça la met dans une colère noire et qu’une fois qu’elle sera rétablie, il y a de grandes chances pour qu’elle vous étrangle.
    Pour quelqu’un qui n’est pas féminine pour un sou dans son comportement, elle aime pourtant faire attention à ce qu’elle porte. Enfermée dans les sous-sols, on peut la remarquer avec des débardeurs plus ou moins plongeants, ou bien de t-shirts informes, à l’effigie de groupes de rock, et des pantalons noirs assez serrés pour dévoiler sa silhouette. Y’a juste quand elle part en mission, qu’elle s’habille avec quelque chose de plus bouffant, de manière à pouvoir se battre sans être gênée. Elle est toujours avec ses grosses bottes, de type Rangers ou New Rock, sans talons, mais relativement menaçantes. C’est très utile pour donner des coups de pieds dont on se souvient.
    Elle est tatouée, rien d’habilement dissimulé, elle possède quelques symboles de son pays natal sur le poignet. Elle en a un second, qui lui tient tout le dos : un arbre avec des courbures dans un style art nouveau. Enfin, le dernier est une espèce de rosier décoré de têtes de morts qui lui prend l’omoplate et le biceps droit, et l’on peut y distingué les mots « Memento Mori ». C’était un coup de tête, et il lui a couté une petite fortune mais après quelques années, elle l’aime toujours autant, et elle trouve qu’il lui va bien. Elle possède 4 piercings à l’oreille droite, alors que la gauche est juste percée et se contente d’une boucle d’oreille qui pend et suit chacun des mouvements de sa tête. Elle possède aussi d’autres bijoux, comme des bagues discrètes, des colliers en cordons de cuir et des bracelets de forces. Rien que ne fassent beaucoup de bruits quand elle s’approche, mais qui lui plait et qui décorent.



    Rapport Psychologique :

    Sans être complétement mauvaise, Enora a surtout un grave problème pour faire la différence entre le bien et le mal. Au point qu’elle frissonne de plaisir dès qu’on lui parle de torture, de bagarre et de sang. Elle a toujours été d’une nature lunatique, qui fait qu’elle change d’idées, d’avis et d’humeurs en quelques secondes. Enora n’est pas du genre facile à comprendre, et d’ailleurs il y a de fortes chances pour qu’elle ne veuille pas être comprise. Elle-même ne sait jamais comment elle va réagir. Ce n’est pas le genre de filles à se confier facilement. Elle peut cependant être une personne de confiance et de sincèrement attentive aux problèmes des personnes qui lui sont chères.
    Avant toute chose, c’est une personne extrêmement violente, qui n’hésite pas à chercher des crosses à quiconque lui manque de respect, ou même qui n’a rien demandé mais juste parce qu’elle avait envie. Malgré le fait que ça soit une femme, c’est une bombe à retardement, qui cogne dur et qui n’a pas peur de se prendre des coups. En fait, elle se conduit comme un homme. C’est la première à plonger dans les bagarres de rues, pas vraiment rares dans son milieu, même s’il lui arrive de s’en sortir qu’in extermis. La jeune femme ne sait pas vraiment comment gérer son agressivité ou sa haine envers l’humanité entière, et la bagarre de rue est la seule alternative qu’elle possède. A cause de divers évènements qui ont marqués sa vie, Enora ne sait pas gérer ses sentiments. La plupart du temps, elle ne sait même pas quel nom leur donner. Elle les vit comme elle peut, parfois trop fort, parfois pas assez. Elle aurait surement besoin qu’on l’aide, mais elle ne supporte pas qu’on lui dicte sa conduite, ou même qu’on lui donne des conseils. Elle peut réagir au quart de tour si quelque chose ne lui convient pas ou alors ne pas réagir du tout. Et ce n’est pas vraiment bon signe non plus.
    Les lois, elle les comprend, mais elle ne les respecte pas. On ne sait pas si c’est par pure conviction, par besoin d’affirmer sa personnalité, ou alors par envie de faire chier le monde. Surement un peu de tout ça à la fois.
    Enora n’est pas vraiment le genre de fillette discrète. On peut dire qu’elle est plutôt dans la catégorie des jeunes filles farouches qui n’ont pas leur langue dans leurs poches. Et d’ailleurs, on a beaucoup du mal à la prendre au sérieux à cause de son physique. Ne lui dites jamais qu’elle est petite et mignonne, ça risque de très mal se finir. Quand on a été, et qu’on est toujours, chef de gang, et que strictement personne ne vous prend au sérieux parce que vous avez l’air fragile, ça a le mérite d’être particulièrement horripilant. Elle jure comme une poissonnière, parfois même en anglais, et c’est encore pire quand elle a un coup dans le nez. Elle n’a pas peur d’interpeller les gens avec des propos peu flatteurs, ou d’énerver avec quelques insultes bien senties. Si tout ceci fait qu’elle se retrouve à donner des coups, tout va bien
    En temps normal, si on la provoque ou qu’on se moque d’elle, mais qu’il n’y aura pas de bagarre à la clé, elle s’en fiche éperdument. Elle est trop blasée de base pour prendre mal les insultes. En vérité, ça la rassure presque qu’on la déteste.
    On pourrait penser qu’Enora est une personne proche de la folie, et ça a surement été plusieurs fois le cas. Il peut arriver que parfois elle perde le nord et devienne complétement folle, ce qui conduit à une agressivité sans pareil et un besoin compulsif de faire du mal. Et parfois de se faire elle-même du mal. Une nécessité de destruction, et d’autodestruction. Il lui faut beaucoup de temps pour se calmer, ou bien savoir trouver les mots justes. Ce qui n’est pas chose aisé quand on ne connait pas parfaitement Enora. Et même dans ce cas, il se peut qu’elle rejette violemment toute aide. Elle a sa fierté, et même au fond du gouffre, il peut lui arriver de vouloir s’en sortir toute seule. Ou bien au contraire, de supplier de l’aide. Peu de personne peuvent attester l’avoir vu supplier ou se mettre à pleurer cependant.
    Elle n’aime pas qu’on s’intéresse à elle et qu’on lui propose son aide, ou un soutien. Enora ne supporte pas paraitre faible et sans ressource, elle se sent pitoyable si on lui donne un coup de main. La plupart du temps, elle répond à ce genre de demande par de l’agressivité, ou alors de façon polie, mais il est relativement rare qu’elle accepte. Elle n’apprécie pas spécialement qu’on lui pose des questions sur elle non plus. En d’autres termes, elle préfère qu’on lui fiche la paix.
    C’est une personne qui aime avoir du monde autour d’elle, et qui n’aime pas être seule. Enora a besoin de voir du monde, même si c’est pour rester une soirée à ne parler à personne. D’ailleurs c’est parfois ce qui arrive, elle ne cherche pas le contact direct avec les gens, d’ailleurs elle rejette totalement ça. Tout ce qu’elle veut, c’est juste une présence, même si ça ne l’aide pas souvent à se sentir moins seule.
    Elle n’a aucun tabou, et est capable de faire les pires conneries, ou de faire quelque chose qu’on n’attend absolument pas d’elle, juste par colère ou par envie de rire, ou alors par ivresse. Il n’y a pas de demi-mesure avec elle, soit c’est blanc, soit c’est noir. Elle peut parfois agir sur un coup de tête, et même si ça lui coute cher. Elle préfère ne ressentir aucun regret, même si c’est parfois loin d’être le cas.
    Mais Enora n’est pas faite que de violence et de folie. Son éducation a fait qu’elle s’est mise très tôt à faire ce qui s’appelle « des trucs de filles ». C’était juste une excuse de sa mère pour ne pas avoir à s’occuper d’elle, et aussi pour qu’elle apprenne à contrôler son souffle. Car Enora a un gros problème de santé depuis qu’elle est née. Une malformation du poumon. Il lui fallait des activités pour apprendre à vivre normalement sans manquer de s’étouffer toute les deux minutes. Et elle s’est naturellement retrouvé à faire du chant et de la danse classique. Ça a eu l’effet escompté, mais Enora est une personne à haut risque qui doit régulièrement faire des entrainements pour ne pas s’évanouir durant un effort trop grand. Elle ne doit pas chanter trop aigue non plus, sous peine d’être foudroyée. Elle a quitté les ballerines pour les bagarres de rues petit à petit. Une chose est certaine, c’est que son problème de poumon est comme une véritable malédiction, et la pire des injustices. Une crise est souvent suivie d’une grosse dépression dont elle a du mal à se relever. C’est aussi une des choses, entre des dizaines d’autres, qui la rendent agressive et difficile à approcher.
    Ex chef d’un gang nommé les « warlords », elle a retrouvé son vieux passe-temps avec les suicides bombers. Elle n’a pas le titre de « chef », certes, mais trouve quand même le moyen de diriger tout le monde dans l’ombre, avec l’aide de Dreiden. Malgré son côté de petite fille sage, Enora a rapidement su s’imposer. Il faut admettre qu’elle peut faire très peur, et qu’un chef chiant est toujours moins flippant qu’une furie qui vous hurle après, en vous traitant d’incapable et prête à vous arracher les yeux si vous répondez de travers. Tant qu’on est sous ses ordres, l’échec n’est pas une option.

    Scrapbook :

    Enora est irlandaise. D’ailleurs on le remarque assez bien à cause de son fort accent. Le français n’est pas sa langue natale et elle a encore un peu de mal à l’assimiler. Si elle oublie un mot ou alors qu’elle se trompe d’adjectif, ne la prenez pas pour une dingue. Elle n’a pas honte de dire qu’elle n’a pas compris ce que vous venez de dire, mais il est fort déconseillé de se moquer d’elle. Par contre, elle comprend les expressions au premier degré. Ne vous étonnez pas si elle vous regarde bizarrement quand vous dites que vous avez « un chat dans la gorge » . Elle a la même particularité que les irlandais : celle de ne jamais répondre par oui ou par non.

    A force d’être dans des gangs, entourée d’hommes, Enora est fière de dire qu’elle est immunisée contre les blagues de cul.

    Elle ne supporte pas qu’on sous entende qu’elle est petite et faible. Y compris dans les compliments, si vous tenez à la vie, n’allez surtout pas lui dire qu’elle est mignonne. C’est aussi pour cette raison qu’elle refuse de dire qu’elle a fait de la danse classique. C’est une très mauvaise publicité pour elle.

    Personne n’est au courant pour sa malformation du poumon. Seulement Dreiden et Doc. Quand elle fait une crise, elle veille à la faire à l’écart.




    HEY, TOI LA, DERRIÈRE TON ÉCRAN !

Citation :

    Qui es-tu, qu’est-ce que tu viens faire là ? Je suis le pape et j’attends ma sœur.
    Tu es malade, tu as des problèmes ? Négatif : je suis une mite en pullover.
    Peux-tu me faire une déclaration d’amour ? Oui, mais pas en public!
    Que personne ne prenne peur à cause de la longueur de la fiche! <3




Dernière édition par Enora Stoker le Lun 16 Mai - 17:32, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Enora - Bouffeuse d'oreilles.   Enora - Bouffeuse d'oreilles. EmptyLun 16 Mai - 17:05

    UNE OFFRE QUE VOUS NE POURREZ PAS REFUSER



    On n’entendait qu’une respiration allaitante, saccadée, forcée. Comme si chaque bouffée d’air aspirée était le résultat d’un effort considérable. Assise dans l’ombre, les deux mains sur sa gorge, le visage dissimulé dans ses cheveux noirs de jais, elle sentait que sa respiration commençait à se calmer et à devenir stable. Voilà déjà 10 bonnes minutes qu’elle était en train d’agoniser, seule, dans un coin reculé de la salle de danse. Agée de 7 ans, Enora devait faire sa première représentation de danse, mais le stress en avait décidé autrement. Une crise. Une stupide crise à cause de sa maudite malformation du poumon. Au moment de monter sur scène, ça avait commencé. Incapable de se présenter, sachant qu’elle allait en mourir si elle continuait, elle s’était tout simplement enfuie. Dissimulée dans un coin d’une pièce du grand théâtre. C’était tellement injuste. Elle s’était entraînée durement, avait fait beaucoup de progrès pour pouvoir danser ce soir devant ses parents et ses frères. Et au dernier moment, ses poumons lui rappelaient cruellement qui elle était. Enora avait appris à danser en contrôlant sa respiration, mais il suffisait d’un petit choc pour que tout dégénère.
    Trop occupée à regagner le contrôle de sa respiration, elle ne vit pas tout de suite qu’elle n’était pas toute seule. Jusqu'à ce que son frère aîné, dans un geste bienveillant, lui pose la main sur l’épaule. Un sourire rassurant sur son visage.

    « Allez viens. On rentre. »

    Pas de représentation pour elle ce soir. Triste mais sachant bien que c’était inutile de pleurer, elle se laissa prendre par la main pour sortir de la salle et se diriger vers la voiture familiale. Personne ne répliqua rien, et le retour se fit en silence.

    Dans la voiture, Enora aurait pu parfaitement décrire tous les sentiments visibles sur les visages des membres de sa famille. Dans le rétroviseur, les yeux verts et fatigués d’Allan, communément appelé « papa », décrivait qu’il sortait d’une réunion relativement fatigante. En fait, il ne devait pas être fâché de l’absence de représentation, ça lui permettrait d’aller dormir plus rapidement. Il ne dit pourtant pas un seul mot pour rassurer sa fille. Il travaillait beaucoup, même trop. On ne le voyait quasiment jamais à la maison. Il n’était pas bien bavard avec ses enfants, il semblait bien plus vieux que ses 40 ans.
    Sa mère, Maureen, était plus agitée, elle jetait des regards contentieux autour d’elle. Enora comprit aisément que « maman » était en train de réfléchir à comment expliquer à ses amies du salon de thé, l’absence de sa fille au ballet d’aujourd’hui.
    Son frère ainé, Garalt, sept ans de plus qu’elle, regardait le paysage défiler. Il était en train de se dire que demain il devait aller au collège, et que ça l’énervait plus qu’autre chose. L’autre frère, Rhodan qui avait 5 ans de plus qu’elle, s’ennuyait profondément et était en peu en colère d’avoir dut faire tout ce chemin pour rien. Il aurait pût passer son dimanche après-midi à voir ses amis. Personne n’avait dit un seul mot durant tout le trajet.

    Il y avait cependant quelqu’un qui avait quelque chose à dire. Dès le lendemain, c’est avec une méchante gifle que sa nourrice lui dit bonjour. Enora encaissa sans rien dire, se contentant de la fixer avec des yeux noirs de colère. Sa nourrice. Une femme qui avoisinait la cinquantaine. Des cheveux blonds décolorés, une vilaine tête de rat, grande et maigrelette, et surtout des yeux qui hurlaient de rage dès qu’elle voyait Enora. Personne ne pouvait expliquer la haine que cette femme avait pour cette petite tête brune, et ce depuis qu’elle s’en occupait. Surtout pas les parents, vu qu’ils ne savaient rien des mauvais traitements que la jeune fille subissait. Ses deux frères avaient trop peur d’en parler, ils se contentaient de s’occuper gentiment d’elle quand la nounou avait fini de la martyriser. Certes, la petite fille avait des bleus, des coupures, et d’autres choses qui pouvaient trahir d’un mauvais traitement. Mais personne n’avait tiré la sonnette d’alarme. Enora expliquait tout ça en prétextant des chutes, des dérapages de couteaux, et autres maladresses.

    Il est vrai, au début elle pleurait. Ça lui faisait vraiment très mal et elle savait qu’elle n’avait rien fait pour mériter ça, que c’était totalement injuste. Ce sentiment n’avait pas disparu, mais la petite brune avait fini par s’habituer à la douleur. A la supporter tout du moins. Un jour, c’était-elle promis, elle rendra les coups que cette odieuse femme qui donnait sans cesse. Un jour, oui. Elle n’entendait que d’une oreille les insultes que sa nourrice lui octroyait. Quelque chose avec le mot « incapable » dedans. Enora ne savait pas du tout ce que ça voulait dire avant qu’elle ne le demande à son maître à l’école. Et maintenant elle s’en fichait. Se repliait sur elle-même, ne souriait quasi jamais, et n’ouvrait la bouche qu’en cas de nécessité extrême. Personne ne comprenait la raison de l’enfermement de la petite fille. Son instituteur avait tenté un dialogue avec la famille, trouvant que c’était un peu jeune pour être misanthrope et isolée. Et elle était loin d’être aussi maladroite qu’elle pouvait le prétendre pour expliquer ses blessures. Personne ne l’avait écouté. Il n’y avait que ses frères qui avaient un dialogue à peu près correct avec elle.

    La mascarade dura 4 ans, jusqu'à ce qu’Enora eut 9 ans et que Garalt entre au lycée. Il trouvait que la situation était devenue insoutenable et qu’il fallait qu’il fasse quelque chose. L’ainé finit par en parler à sa mère. La nourrice fut prise la main dans le sac, finit au tribunal, et Maureen en conclue que Garalt était assez grand pour s’occuper de ses frères et sœurs. Enora accueillit la nouvelle avec nonchalance, mais ne pouvait pas cacher un certain soulagement. Une pointe de regret peut-être. Si elle avait été plus grande elle aurait peut-être plus la frapper à son tour. Ou, si elle avait eu le courage, la pousser dans l’escalier.

    Pourtant, le caractère misanthrope d’Enora ne guérissait pas. La gamine n’avait jamais été proche des enfants de son âge, et à vrai dire, avait bien peu d’amis. Solitaire et taciturne, les autres ne l’intéressait pas, c’était pourtant pas faute d’avoir essayé de nouer quelques liens avec des enfants de sa classe, mais rien à faire. Le courant ne passait pas, et elle avait laissé tomber toute idée de lien. Enora était devenue une paria, la fille qui n’approchait personne, qui passait ses récréations à regarder le vide. Elle continuait la danse, mais ne passait jamais les auditions ou les spectacles. Prise d’une pulsion assez soudaine, la petite fille avait demandé naïvement à sa mère si elle pouvait prendre des cours de chant. L’argent ne manquait pas spécialement au foyer Stoker, et le souhait d’Enora fut exaucé en moins de temps qu’il ne le fallait pour le dire. Elle avait une voix chaleureuse, mais trop austère. Le genre de voix qu’on pourrait entendre dans les chœurs d’Eglise, ou peut-être plus tard à l’opéra. Mais comme pour la danse, Enora refusait de chanter en public. Elle n’était pas sûre d’être capable de pouvoir subir à nouveau une humiliation comme celle de son premier ballet avortée. D’ailleurs, elle devait toujours baisser d’un ton ses notes. Son professeur avait compris que si elle forcé dans les aigus, le résultat pouvait être catastrophique, voire mortel.

    Mais tout ceci ne lui convenait pas. Enora ne se sentait jamais à l’aise. Elle passait sa vie à s’occuper. L’école l’ennuyait, les gens l’agaçait, et ses deux passe-temps, elle ne pouvait pas les exploiter au maximum. A cause de ses poumons. Ses foutus poumons…

    Il y avait peu d’activité dans le quartier. Mais parfois, Enora entendait du bruit le soir dans la rue. Des hurlements, des coups, des disputes, des bouteilles qui se brisent. La première fois, elle avait eu peur, et avait relevé la couette pour se couvrir entièrement. Les bruits avaient durés quelques temps avant de se dissiper. La petite fille passa le reste de la nuit à se retourner dans son lit. Par la suite, elle eut moins peur, et se mit même à tendre l’oreille pour comprendre les conversations. Ça se résumait souvent à des insultes et des règlements de comptes. Rapidement, Enora se prit d’une passion presque malsaine pour les rixes nocturnes qui avaient lieu sous sa fenêtre. Jusqu'au jour où elle se leva de son lit pour approcher de la vitre et pour observer la bagarre de cette nuit. Elle ne perdit pas une miette de ce qui pouvait se passer. Les coups donnés, le sang qui coulait, les corps inanimés, la sirène de police qui retentit pendant que les derniers fuyards partaient... tout ceci resta implanté dans la mémoire d’Enora. Elle en faisait une curiosité malsaine, au point qu’elle observa ce genre de spectacle dès qu’il se présentait.

    Il n’y avait pas que ça qui s’organisait le soir. Parfois, quand il était tard et que leurs parents n’étaient pas à la maison, Enora entendait ses frères se lever, et quitter la maison sans rien dire. Elle les laissa faire un temps, jusqu'à ce qu’elle ne se décide à intervenir en débarquant dans le hall d’entrée. Tout les deux chaudement habillés pour sortir, et faisant le minimum de bruit pour ne pas la réveiller.

    « Vous allez où ? » demanda-t-elle brusquement, et à voix haute. Faisant sursauter ses deux frères au passage.

    Tous les deux se jetèrent un regard piteux, semblait se demander par télépathie lequel des deux allait devoir lui dire gentiment d’aller se recoucher et d’oublier ce qu’elle avait vu. C’est finalement Garalt qui posa un genou à terre et lui saisit les épaules.

    « C’est un peu compliqué… on doit sortir, et il ne faut en parler à personne. »
    « Je sais que ça a un rapport avec les garçons qui se battent dans la rue. » Répliqua-t-elle. Rhodan soupira. Sa jeune sœur était loin d’être stupide, et à son âge faisait preuve d’une perspicacité assez gênante. Et d’une inconscience parfaite vu qu’elle ajouta d’un air décidé : « Je veux venir. »
    « Ça c’est hors de question. » Trancha l’aîné avec sérieux. Voyant que le regard de sa sœur devenait noir, il comprit qu’il ne pourrait pas s’en tirer comme ça. Il voyait mal Enora vendre la mèche à leurs parents, mais mieux fallait-il ne prendre aucun risque. « On t’expliquera tout en rentrant. Mais pour le moment, tu es trop petite. »
    C’est vrai qu’à 11 ans, elle se voyait mal survivre à quelque chose comme ça. Elle fit la moue quelques secondes avant de dire quelque chose qui sonnait plus comme un ordre : « Plus tard alors. » Garalt n’eut d’autre choix que d’acquiescer, et Enora retourna dans sa chambre. Elle se plaça près de la vitre pour tenter d’apercevoir quelque chose.

    C’est par la suite que les ballerines commencèrent à avoir nettement moins d’attrait. Dans son enfance, l’idée d’être frappée l’avait auparavant effrayé. Plus tard, c’était devenu une routine dérangeante, mais une routine quand même. Quelque chose qu’on subit sans se plaindre. Mais les bagarres, le fait de donner des coups et d’en recevoir volontairement, ça, c’était nouveau. C’était devenu une obsession : descendre avec ses frères et participer à ça aussi. Il y avait deux problèmes qui se présentaient dans ce cas. Le premier était qu’elle était trop jeune, et bien trop petite pour venir. Elle considérait surement ça comme un jeu, mais elle était assez intelligente pour comprendre que c’était un jeu dangereux. Le second problème : elle était une fille. Les filles, ça ne se bat pas. Ça danse et ça chante. Être une fille, c’est chiant.

    De leur côté, Garalt et Rhodan changeaient nettement. Pas vraiment au niveau du caractère, mais physiquement. Des muscles s’était discrètement dessinés sur leur silhouette, certains piercings et tatouages avaient fait leur apparition. Garalt s’était teint les cheveux en blanc, alors que Rhodan c’était en rouge pétant, et avait rasé une partie du crâne pour les garder longs de l’autre côté. Papa et maman n’avaient pas spécialement inquiets, mais plutôt outrés de voir leur progéniture prendre une nouvelle direction. Enora le remarqua bien quand elle demanda à sa mère si elle ne pouvait pas quitter la danse pour faire un quelconque sport de combat. Maureen refusa catégoriquement. Ce n’était pas quelque chose que les petites filles font en général. C’était nul d’être une fille en fait, on restait à la maison et on avait rien le droit de dire.

    Cela n’empêchait pas Enora de les questionner sur ce qu’ils faisaient la nuit, pourquoi c’était si drôle de se battre. D’abord réticent, ils finirent par accepter de lui parler de leur « idéologie ». Les deux frères estimaient que tout le monde avait le droit de se défendre, y compris eux, même si ils étaient jeunes et que les adultes pensaient avoir tous droits sur eux. Enora ignorait quel monde pouvait se cacher en dehors de sa petite vie tranquille. Personne n’avait jamais tenté de l’agresser ou de lui voler quelque chose. Mais d’après ce qu’ils disaient, ce n’était pas rare. Bien au contraire. Un jour ou l’autre ça lui tomberait dessus à elle aussi, alors autant qu’elle soit prête. Ils avaient créé une communauté, une petite famille pour remplacer celle qui était quasi inexistante. Les Warlords. De quoi rivalisé avec les adultes et leur prouver qu’ils pouvaient être plus forts qu’eux en bande. Suite à la demande, ou plutôt la supplication, d’Enora, ses frères finirent par l’amener au repère. Juste pour cette fois. Une petite usine à whisky désaffectée. Elle eut une vague vision alors de cette communauté, de la vie de gang. Il n’y avait aucune fille, juste des jeunes garçons aux looks farfelus qui lui lançaient des regards curieux.

    Pour Enora, ce fut le déclic. Elle voulait rejoindre les Warlords. Devenir la seule fille dans ce gang fermé. Se défendre et défendre les idées qu’ils promettaient. Mais ce n’était pas possible, pas avec aussi peu de force physique, pas aussi jeune, et certainement pas avec ses poumons. Il lui fallait un peu de temps avant de devenir un membre, et même d’avoir le droit de retourner à l’usine désaffectée.

    Entre temps elle poursuivait sa scolarité au collège, ça n’allait pas mieux niveau relationnel. Enora était toujours quelqu’un d’aigrie. Avec qui on pouvait parler, mais qui ne voulait clairement pas devenir votre amie. Solitaire, qui travaillait que le strict minimum, et que les professeurs tentaient désespérément de secouer sans arriver à aucun résultat. Rien à faire, Enora avait ses convictions, et son propre monde, et aucun moyen de la tirer hors de là. Elle était parfois la cible de raillerie, à cause de ses vêtements noirs et de son air continuellement renfermé. Elle ne savait, mais ne semblait pas s’en soucier. La rumeur sur ses frères s’était étendue, mais personne ne semblait penser qu’Enora pouvait avoir quelque chose à faire avec eux. Si ce n’est que parfois ils venaient la chercher en voiture à la sortie. Elle travaillait toujours le chant et la danse, mais de façon moindre. Surement à cause de la frustration de ne pas pouvoir apprendre à se battre.

    C’est quand elle était en 5eme que ça changea. A la sortie du collège, lorsqu’un des gamins de sa classe, sans doute voulant faire le malin, la menaça. A l’époque, le sujet lui semblait obscur, maintenant, elle ne s’en souvient plus du tout. Toujours est-il qu’elle lui répondit quelque chose de bien cinglant, en rapport avec l’absence de virilité du jeune homme. Ce dernier n’a pas supporté une telle insulte de la part d’une fille, et s’est élancé sur elle, son poing en avant, pour lui apprendre la vie. Avec une aisance qui la surprit autant que son adversaire, elle esquiva le coup. Quand on fait de la danse depuis son plus jeune âge, il est normal d’avoir quelques bons réflexes et une agilité nettement au-dessus des autres. Mais Enora n’avait jamais imaginé cette option. Un second coup arriva, aussi maladroit que le premier, qu’elle évita à l’aide d’une roulade au sol. Et elle contrattaqua. Se souvenant des rixes dont elle avait été témoin, elle sut instinctivement qu’un coup de poing dans le ventre le stopperait tout de suite, même si il n’était pas fort. Effectivement, il n’était pas fort, mais elle visa bien, et elle eut droit à l’effet de surprise. Et puis une fille avait esquivé tous ses coups, l’avait frappé et mis hors-jeu. Une fille ! Vaincu et humilié, il mit les voiles en moins de temps qu’il en fallait pour le dire.

    C’est à ce moment-là qu’Enora aperçut Garalt près de sa voiture, assistant en silence à la petite chicane. Elle s’avança vers lui, piteuse, pensant qu’il allait lui hurler dessus en la traitant d’inconsciente, comme à chaque fois qu’elle avait tenté de retourner au repaire des Warlords. Mais il avait un sourire tranquille aux lèvres, et lui tapota paternellement le crâne. Il ne dit rien mais au lieu de la ramener à la maison, il la conduit à l’usine de whisky.

    « Montre-moi comment tu frappes. » dit-il simplement en tendant son bras en guise de cible.

    Elle lui jeta un regard suspicieux. Le regard qui veut dire « c’est quoi le piège ? », mais il attendit qu’elle se décide. Elle finit par lâcher son sac de classe et a s’exécuter maladroitement. Ca dura quelques heures pour que Garalt soit satisfait du résultat. Ils recommencèrent le lendemain. Et tous les jours durant des mois. Rhodan vint s’ajouter pour apprendre à Enora comment se défendre, et surtout comment attaquer. Elle devait avoir 13 ans quand elle fut autorisée à participer à la vie des Warlords, comme membre à part. Surprotégée par ses frères, ils mirent du temps à ce qu’elle puisse participer aux combats comme tout le monde. En attendant, ils l’autorisaient à venir, à participer à la vie du club, et à assister durant les missions. La plupart du temps en tant que simple guet, mais elle comprit qu’il ne fallait pas trop en demander pour le moment.
    Les Warlords n’étaient pas juste une petite communauté de jeunes qui voulaient qu’on les respecte, c’était une façon de vivre, un véritable gang. Ils s’amusaient d’abord à voler ce qu’ils trouvaient sur leur victime, pour ensuite les vendre dans la rue. Tout ceci prit des proportions énormes, surtout pour des jeunes gens. Ce simple recel devint du vol à grande échelle, et déboucha sur la torture de ceux qui en savaient trop ou qui se mettaient en travers de leur chemin. Garalt et Rhodan dirigeaient tout d’une main de fer et Enora fut témoin de plusieurs choses qu’une collégienne ne devait ni voir ni connaitre. Mais ça lui plaisait, fortement. Elle finit par se laisser aller, détruire son épaisse carapace et à s’ouvrir aux autres gens du gang. Même si elle était la seule fille et la plus jeune, et qu’elle intimidait un peu les autres de sa simple présence, elle finit par avoir un statut et une identité au sein des Warlords. Ce club avait réussi là où tout le reste avait échoué, et alors qu’elle faisait son entrée au lycée, son comportement en classe changeait un peu et elle devenait moins fermée avec les autres. Bien que ses piercings aux oreilles et ses vêtements, sans oublier les nombreux bleus qu’elle avait à cause des rixes contre les autres gangs, n’étaient pas spécialement accueillant pour les autres. Mais tout se passait bien dans sa vie, et elle n’avait aucun problème quelconque.


    Et puis il y eut Jack. Vous savez, le bellâtre blond aux yeux bleus qui fait fondre toutes les filles ? Enora était une fille. Et à l’époque, elle n’était pas plus intelligente que les autres. Elle ne fit rien pour se faire remarquait, mais il finit par s’intéresser à elle. Ils se fréquentèrent timidement, jusqu'à ce qu’ils finissent naturellement par sortir ensemble. La première semaine se passa très bien, sans aucun problème digne de ce nom, jusqu'à ce que le week-end arrive. Elle l’invita l’air de rien à passer à la maison, histoire de regarder un film tous les deux.
    Elle se souvenait l’avoir entendu demander « ça ne va pas gêner ta famille ? » auquel elle répondit en haussant les épaules « Il n’y aura personne d’autres de toute façon. »
    Elle se souvient très mal de la scène, si ce n’est qu’elle l’avait repoussé avec force et sans aucun mal. Elle aurait très bien put s’en sortir, si une telle insistance n’avait pas fâché ses poumons. Elle était prête à le virer de chez elle à coup de pied quand elle se mit à avoir du mal à respirer. Le fait de savoir ce qu’il se passait la stressait encore plus, et Enora dut s’asseoir lourdement sur le sol en tentant de récupérer son souffle au plus vite. Mais tout allait de mal en pis quand elle vit le regard étonné de Jack qui se relevait doucement, voyant qu’elle ne pouvait plus rien faire pour le repousser.

    A chaque fois qu’elle y pense, elle se dit qu’elle aurait préféré oublié. Une espèce de blackout quand le traumatisme est trop fort. Mais Enora se souvient de la suite dans les moindres détails, du regard libidineux, à la sensation ignoble, en ajoutant l’envie de vomir, sa peau qui brulait et de la douleur dans sa poitrine alors qu’elle était en train de se battre avec elle-même pour pouvoir respirer enfin et lui briser le nez pour ce qu’il lui faisait. Mais elle ne se calma pas, et il prit tout son temps. Jack finit par partir sans demander son reste et sans un mot pour elle. C’était surement mieux comme ça.

    Elle passa bien 3 heures sous la douche à se laver encore et encore. Se sentant sale et honteuse, se retenant de pleurer de tristesse et de rage. C’était une warlord, hors de question de pleurer comme une fille. Ce type l’avait considéré comme un objet, comme une vulgaire poupée. Jamais dans sa vie, Enora n’avait autant détesté le fait d’être du sexe faible. Juste bonne à être traité comme un chien pour qu’on s’en débarrasse vite fait après. Et encore, les chiens, on ne les violait pas. Violée. C’était bien ce qui s’était passé. C’était la faute de ses poumons. Encore et toujours. Elle aurait pu le frapper, le virer de chez elle, le tabasser pour qu’il ne pose plus jamais les mains sur une fille, mais ses poumons étaient là pour lui rappeler qu’elle était faible et fragile. Elle allait se venger de Jack, toute seule. Sans en parler à ses frères. La honte était bien trop grande. Elle ne pourrait plus se regarder en face tant que ce n’était pas réglé.

    Malheureusement, un nouvel élément entra en jeu. Elle ne se sentait pas très bien, et Enora ne se souvenait plus trop de la raison pour laquelle elle avait acheté ce drôle de truc en pharmacie. Et cette chose lui indiqua qu’il y avait quelque chose qui grandissait en elle. Ce connard l’avait humilié, craché dessus, et en plus l’avait laissé en cloque. Se venger de quelqu’un, elle pouvait parfaitement le faire, mais gérer ça… c’était impossible.

    Elle esquiva le regard absent de son père alors qu’elle se saisissait du téléphone fixe, avant de se calfeutrer dans sa chambre et de s’asseoir dans un coin en priant pour que Rhodan décroche son portable. Les trois sonneries avant d’entendre sa voix furent les plus longues de sa vie.
    « Rhodan. Il faut que tu viennes la maison, tout de suite. » S’entendit-elle en tentant de ne pas éclater en sanglot.
    « Tu ne peux pas attendre ? Y’a un détail à régler pour demain et… »
    « Tout de suite. Je ne peux pas t’en parler au téléphone, mais si tu ne t’amène pas dans la seconde, je ne sais pas quelle connerie je vais faire… »

    Il arriva un quart d’heure plus tard, affolé. Elle n’avait jamais demandé d’aide auparavant, préférant prouver qu’elle était capable de se débrouiller toute seule malgré ses 16 ans. Enora lui raconta tout, dans les moindres détails. Elle était certaine de passer pour une allumeuse, mais qu’est-ce qu’elle y pouvait, elle ? C’était lui qui lui avait sauté dessus alors qu’elle allait mal ! C’était sa faute cette situation, Enora avait juste voulu regarder un film avec lui, sans aller plus loin. Ils étaient trop jeunes pour faire ça, l’idée ne lui avait même pas effleuré l’esprit. Elle n’osait même pas le regarder dans les yeux, elle avait la sensation que toute cette histoire était arrivée parce qu’elle était trop naïve, trop stupide. Rhodan finit par lui saisir délicatement la tête entre les mains pour la fixer dans le blanc des yeux.

    « Écoute-moi Enora. On va aller tout de suite à l’hôpital, et faire toutes les démarches pour t’enlever ce truc. »

    Enlever ce… truc? Elle n’y avait pas pensé, mais oui, c’était la seule chose à faire. Ce n’était pas à 16 ans qu’on devenait mère. Et comment elle allait pouvoir s’en occuper ? Mieux fallait-il considéré ça comme un parasite à se faire enlever, plutôt comme un être humain en devenir et se mettre à culpabiliser. Elle hocha la tête, en écrasant d’un geste cette saloperie de larme qui menaçait de couler.

    « Et ensuite on va retrouver celui qui t’a fait ça. Et on s’occupera de lui à « notre façon ». Ça te va ? »

    Elle aurait voulu le faire toute seule, mais soit. Ça serait quand même un vrai soulagement. Elle acquiesça et ils partirent tous les deux pour l’hôpital, après avoir prévenu Garalt par téléphone. Leur père, toujours dans le salon, ne s’occupa même pas d’eux.

    Tout fut réglé, et demain soir elle reviendrait pour faire ce qui s’appelait communément un avortement. Une tueuse de bébé, une potiche bonne pour l’enfer. Considérée par tout le service comme une allumeuse qui aurait mieux fait de réfléchir avant de se retrouver ici. Elle était mal à l’aise, mais c’était un mal nécessaire. Le fait de ne pas le faire toute seule et d’avoir ses frères pour l’épauler dans cet épisode douloureux était une vrai consolation. Ils allaient affronter ce dur moment en famille, et dans deux jours ça ne serait plus qu’un mauvais souvenir.

    « Enora… désolé mais on ne pourrait pas t’accompagner ce soir. »
    « Quoi ?! » s’emporta la jeune fille qui lui lançait un regard désespéré. Rhodan détourna les yeux, se sentant coupable mais il ne revint pas sur sa décision.
    « On est sur un gros coup, on peut pas tout laisser tomber maintenant… mais je vais demander à Dreiden de t’accompagner. »
    « Tu vas me laisser tomber ?! Après ce qui m’est arrivé ? Tu vas te barrer comme un trou du cul et me confier à un de tes gars ?! Et putain c’est QUI Dreiden ?! »

    Rien ne lui fit changer d’avis, et elle se retrouvait à aller à l’hôpital, à passer un moment lugubre, toute seule. Enfin non. Il y avait Dreiden. D’ailleurs elle se souvient de lui quand elle l’aperçut, son nom lui avait échappé. Elle ne sentait abandonnée, mise de côté, complétement conne et sans intérêt. En plus, Rhodan n’avait même pas prit la peine d’expliquer à Dreiden la raison de sa venue à l’hôpital. C’était si peu important que ça pour son frère ? Enora marmonna toute sorte d’insultes à l’attention de Rhodan, qui devait avoir les oreilles qui sifflaient. Elle ne répondit pas à Dreiden, c’était trop dur pour elle d’expliquer la raison. Il le devinerait bien assez tôt. Et à ce moment, il la verrait comme une « rien du tout » et n’aurait plus aucun respect pour elle. Il allait peut être même le raconter à tout le gang et sa réputation serait réduite à néant. Peut-être qu’ils allaient tous essayer d’en profiter aussi… elle réprima un frisson et enfonça sa tête dans ses épaules. Inutile de lui expliquer qu’elle a été violée, elle savait que pour la plupart des hommes, c’était d’abord la faute de la victime. C’était vraiment pourri d’être une fille…

    On l’accueillit froidement à l’hôpital, dans une salle d’attente pleine de femmes enceintes et de couples heureux en train de se dévorer du regard, c’était répugnant. On l’enferma dans une chambre avec des médicaments et un jeun strict. Dreiden resta avec elle. Elle ne pouvait pas trop savoir pourquoi. Il avait peut-être un peu pitié d’elle. Pitié. Qu’est-ce qu’elle détestait être faible comme ça. Elle voulait frapper tous les infirmiers qui passaient dans sa chambre pour l’ausculter. Mais à vrai dire, elle ne pensait pas que ça l’aurait fait se sentir mieux. La raison pour laquelle elle voulait les frapper, c’est qu’elle avait l’impression que dès qu’elle serait toute seule avec un homme, il en profiterait comme Jack. Mais bizarrement, avec Dreiden, ça allait. Il avait quelque chose qui la mettait plutôt en confiance. Peut-être c’était à cause des warlords. Elle était très loin du compte. Il tenta de la mettre à l’aise avec des questions diverses « Pour faire connaissance. » Les questions étaient plus sur son âge, sa classe, ce qu’elle aimait comme musique… les médicaments la faisait un peu planer et elle répondait qu’à moitié à ses questions. C’était très impoli, mais bon. Elle appréciait le fait qu’il évite soigneusement de lui demander quoique ce soit qui avait un rapport avec ce qui s’était passé.

    L’heure des visites était terminée et on lui dit qu’il devait partir maintenant. Il était surement rentré chez lui, maintenant qu’il avait accompli la mission confiée par Rhodan, plus rien ne le retenait ici. Seule pour le reste de la soirée, elle se surprit à réfléchir sur ce qu’était un avortement et tout ceci lui donnait l’impression d’être violée une seconde fois. Elle ne put pas fermer l’œil de la nuit. Le lendemain, on lui annonça qu’elle avait de la visite. Enora se redressa sur son lit, dans l’espoir fou de voir un de ses frères arriver pour s’excuser et rester ici le temps qu’on lui retire… ce truc. Mais c’est Dreiden qui arriva. La surprise était complète, qu’est-ce qu’il venait faire ici ? Elle était loin de se douter qu’il avait passé la nuit dans sa voiture. Elle finit par conclure que son frère ne lui avait pas demandé de juste l’amener sur place, mais de l’escorter jusqu’au bout. Ça ne pardonnerait certainement pas Rhodan. Ils discutèrent quelques temps avant qu’ils ne lui disent que c’était bientôt l’heure.

    « Euh Dreiden ? » l’interpella-t-elle, profitant de la dernière minute avant l’heure fatidique. « Je sais que c’est Rhodan qui t’a demandé de faire tout ça mais euh… merci. Tout ce que tu as fait pour moi c’est… vraiment très gentil. »

    Elle n’avait pas eu l’impression d’affronter cette expérience difficile toute seule. Dreiden n’était pas son ami, mais il s’était comporté comme tel. Elle lui adressa une esquisse de sourire avant qu’on ne l’amène sur le billard. Dreiden la récupéra quelques heures plus tard. Elle était encore complétement stone à cause de l’anesthésie, mais refusa son aide pour marcher jusqu'à la voiture. La tête contre la vitre, prête à se rendormir. Elle entendit Dreiden qui conduisait :

    « Comment tu te sens ? »
    Elle haussa les épaules.
    « Vide. Mais ça va. »

    Enora refusa pendant quelque temps d’avoir une conversation digne de ce nom avec ses frères. Elle voyait bien qu’ils essayaient de se racheter, et ça la rendait encore plus en colère. Si ils savaient qu’ils avaient merdé, pourquoi l’avoir laissé toute seule quand même ? Elle ne répondait plus à leur sourire, repoussait leurs mains amicales quand ils essayaient de les passer dans ses cheveux, et ne voulait donner aucun détail sur ce qui s’était passé à l’hôpital. Elle était redevenue renfermée et n’arrivait à oublier ce qui lui était arrivé que durant les combats illégaux du gang ou une rage nouvelle l’habitait. Elle n’avait qu’à imaginer Jack dès qu’elle frappait quelqu’un. D’ailleurs, au lycée, ce dernier l’ignorait purement et simplement. Affirmant qu’il avait rompu parce qu’elle était trop collante. Tant mieux, elle n’aurait surement pas pu se retenir de lui arracher la tête s’il lui adressait la parole. Mais aller au lycée et voir son visage était une véritable torture. Elle se mit à sécher les cours de temps en temps, incapable de communiquer son mal-être. Personne n’aurait voulu l’entendre de toute façon. Ses parents n’en aurait rien à cirer, ses frères étaient assez cruels pour la laisser toute seule au casse-pipe, et les seuls personnes qui ressemblaient à des amis pour elle, elle les tabassait le soir à l’usine.

    La première fois fut un soir, alors qu’elle était toute seule chez elle. Pour oublier sa détresse, elle avait mis un CD quelconque, en chantant doucement par-dessus. Et puis elle le vit, le couteau suisse posé sur un buffet. Innocent et pourtant tellement tentateur… elle s’en saisit et l’observa sur toutes ses coutures avant de l’ouvrir et de le diriger sur son bras… La sensation n’était pas au même niveau que celle de se prendre des coups dans les bagarres, mais elle était quand même non négligeable…

    Peu de temps après, Dreiden refit son apparition dans sa vie. Soit disant, juste pour passer du temps avec elle et discuter, et même « pour devenir ami » selon ses propres dires. Elle l’accueillait avec méfiance, se doutant qu’il y avait anguille sous roche. Elle n’avait pas montré son plus beau jour à l’hôpital, et qui voudrait devenir amie avec elle ? Elle en avait jamais eu, et se débrouillait très bien comme ça. Il y avait surement un de ses frères derrière ça. Néanmoins, elle devait avouer qu’elle aimait bien sa présence, et qu’elle finit à s’habituer qu’il vienne la chercher après le lycée ou chez elle. Au final, ils étaient, effectivement devenu des amis, même si Enora n’avait pas complétement baissé sa garde. Une impression chez lui, lui affirmait qu’elle n’avait rien à craindre et qu’il n’oserait jamais la toucher.



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Enora Stoker
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Enora - Bouffeuse d'oreilles. Empty
MessageSujet: Re: Enora - Bouffeuse d'oreilles.   Enora - Bouffeuse d'oreilles. EmptyLun 16 Mai - 17:05

    Elle en eut la confirmation quand il lui proposa de l’amener chez lui pour dîner avec sa famille. Une famille nombreuse. Elle hésita quelques heures avant de lui dire que c’était d’accord. Le plus difficile était de se retenir de hurler de rire à l’explication tordue qu’il fila à ses parents pour expliquer la présence d’une fille sous leur toit. Malgré tout, elle réussit à garder un air humble avec un gentil sourire, accompagné du regard qu’on trouverait sur les chatons qui demandent qu’on les adopte. Elle put ainsi faire la connaissance des frères jumeaux de Dreiden. Ryan et Ash. Elle comprit vite qu’ils étaient loin d’être aussi enthousiaste que leur frère. Et Chess, le petit dernier qui l’adopta dans la minute. Il avait passé la soirée collé contre elle à parler encore et encore sans s’arrêter. A la fin de la soirée, elle savait tout de lui. Qu’il était super doué à l’école, que Papa c’était le meilleur, mais Dreiden aussi un peu, et même que hier il a réussi tout seul à faire un exercice super dur en maths.

    Mais deux choses percutèrent l’esprit d’Enora : premièrement, sous sa coloration, Dreiden était roux. La seconde était qu’il y avait quelque chose de pas net. Comme si l’ambiance familiale un peu austère et gênée cachait quelque chose. Ça devait avoir un rapport avec Dreiden. Enora garda tout ça pour elle le temps qu’ils sortent chez un glacier et que Chess finisse par tomber de sommeil. La délinquante avait la sérieuse impression qu’elle allait s’attacher à Chess en un rien de temps. Elle qui n’avait jamais été exposé à l’innocence de l’enfance, voir le petit avec ses grands yeux crédule qui voulait pas la lâcher… c’est incroyable à quel point ça faisait du bien. Elle le laissa même lui tenir la main dans la rue.

    Elle le questionna dès qu’ils furent seuls tous les deux dans sa chambre. Il comprit rapidement qu’elle ne changerait pas d’avis comme ça, et il se retira un instant pour lui donner un petit carnet ouvert sur une page. Un journal intime ? Oui, surement. Elle s’assit sur son lit pour lire le passage indiqué, pendant que lui avait pris ses distances sur son ordinateur. Ce qu’elle découvrit la laissa pantoise. Ils avaient vécu la même chose, pas à la même époque, pas de la même façon, mais c’était exactement la même honte et la même douleur. Dreiden était grand, exubérant, et volontaire. Elle n’aurait jamais mis sa main à couper que lui aussi a été … sali de cette façon. Voilà pourquoi elle n’avait pas peur de lui et qu’il avait cette aura à la fois protectrice et pleine de compassion. Enora voulu lui avouer que l’avortement ce n’était pas seulement parce qu’elle avait été inconsciente, mais le moment ne s’y prêtait pas. Elle s’avança vers lui alors qu’il était de dos. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle fit ça. Le serrer dans ses bras et enfouir sa tête dans son cou. Elle n’avait jamais été aussi familière avec ses propres frères. Ni avec personne d’ailleurs, même pas à l’époque où elle sortait avec Jack. Est-ce qu’elle devait en déduire que Dreiden était son ami ?

    Quelque jour plus tard, il revient fièrement avec une photo. Celle de la tête écrasée de Jack. C’est vrai qu’il n’avait pas été en cours aujourd’hui… elle se permit un sourire un coin. Ils l’avaient molesté. Certes, elle n’aurait pas la satisfaction de l’avoir fait elle-même, mais c’était du beau boulot. Il ne recommencera pas ça de sitôt. Malgré tout ça elle décida de laisser encore mariner un peu ses frères avant de les pardonner complétement. Elle avait juste adressé un merci à Rhodan par sms.

    Les mois s’écoulaient rapidement, Jack avait presque cessé de la hanter, mais plus question de laisser un homme s’approcher. Sauf Dreiden. Elle passait la plupart de ses temps libres avec lui, parfois il amenait Chess. Sauf évidemment quand ils se rendaient aux concerts violents, dans les bars pour déclencher des bagarres, ou alors en mission pour le club. Il avaient finis par formé une espèce de tandem, ou Loebhan venait se greffer parfois. Enora l’avait trouvé bizarre aux premiers abords, mais ça ne l’empêcha pas de tenter d’instaurer le contact. Elle se fichait bien de savoir ce qu’il pensait d’elle, parfois il était là, et ils s’amusaient bien à taper sur les autres. Bien que Loebhan avait tendance à préférer prendre des coups qu’en donner.

    Dans le clan, elle s’était imposée non plus comme la sœur des chefs, mais bel et bien comme un membre au même titre que les autres. Elle avait enfin rejoint la famille de façon permanente, et on commençait même à craindre de se battre contre elle. La plupart des garçons avait un minimum de retenu pour se battre contre des amis, mais Enora n’en avait aucune. Elle hurlait, mordait, griffait, frappait avec un acharnement rarement vu. Finir en sang au même titre que son adversaire ne la gênait en rien. D’un autre côté, la délinquante continuait ses scarifications sans n’en parler à personne. Elle ne savait pas encore pourquoi, elle avait juste un sentiment de vide depuis l’avortement. Quelque chose à combler. C’était peut-être aussi pour ça qu’elle s’était attachée à Chess aussi. Quant à la danse et au chant, elle avait purement laissé tomber.

    Enora venait juste d’arriver à l’usine quand l’incident venait d’arriver. Elle avait surpris une conversation agitée entre les membres les plus âgés. Elle s’incrusta en demandant fermement ce qu’était le problème.

    « Y’a eu un souci avec l’indic… Rhodan, Loebhan et Dreiden sont tombés sur un traquenard. ‘Bhan va bien, Dreiden a le bras pété… mais Rhodan ça à l’air sérieux. »
    Le regard d’Enora passa de l’étonnement à la fureur en un dixième de seconde.
    « Ils sont à l’hôpital ? Tu m’y amène tout de suite. »
    « Euh, T’es sûre ? Non parce que je sais pas si c’est une bonne idée… » fit il en connaissant le caractère d’Enora et sachant qu’elle allait surement faire une scène sur place.
    Sans préavis, Enora attrapa la main de son interlocuteur et la retourna d’un geste sec. Malgré le hurlement de douleur qu’il poussait, la jeune fille avait toujours eu le talent pour crier plus fort que tout le monde.
    « Tu me conduis tout de suite à l’hosto, connard ! Parce que sinon ta main, je te l’arrache ! »

    Il accepta à condition qu’elle se calme. Chose pas vraiment difficile, vu à quel point elle serait nerveuse à l’idée de retourner à l’hôpital. Rien que d’être à la place du mort pendant le trajet, comme la dernière fois, la rendait nauséeuse.
    Dreiden allait bien, juste un petit plâtre sur le bras. Rien qui ne l’empêcha de le serrer contre elle en râlant qu’il lui avait fait peur. Et quitte à ce qu’elle se fasse un sang d’encre, autant que ça soit pour quelque chose de grave. En revanche, le cas de Rhodan était beaucoup plus sérieux. Durant sa fuite, il avait pris un coup sur la tête, et était dans le coma. Les médecins n’étaient pas sûr du temps qu’il tiendrait, ni même si il était possible qu’il se réveille. Enora avait toujours vu son frère solide comme un rock, le voir à l’agonie sur un lit d’hôpital était insupportable. Immédiatement, elle se mit à culpabiliser de ne pas l’avoir pardonné de l’avoir laissé toute seule la dernière fois. Elle affirma qu’elle voulait rester à son chevet au moins pour la nuit, Dreiden répondit qu’il resterait avec elle.

    Pas vraiment d’humeur à demander des précisions sur ce qu’il s’était passé, Enora resta silencieuse un temps, obnubilé par la respiration lente de son grand frère comateux. Jusqu'à ce qu’une ombre se dessine dans la porte. Une fille en tenue d’infirmière qui gloussa comme une dinde en faisant un signe de main pitoyable à Dreiden avant de s’enfuir en trottinant sur ses talons vertigineux. Enora fit volteface en lançant un regard noir à son ami. Putain, c’était qui cette morue ? Qu’est-ce qu’ils avaient foutu pendant qu’elle avait dut menacer tous les mecs du club pour venir le rejoindre ? Les mecs étaient tous les même ! Tous à fantasmer sur les policières, les infirmières et autres conneries du genre ! Elle se leva en déclarant sèchement qu’elle allait aux toilettes.

    Dans le couloir, elle tomba sur l’infirmière et prétexta un mal de tête.
    « Vous comprenez… »Fit-elle d’un air gêné « Mon frère est dans le coma, et je pense que j’aurais du mal à tenir le choc si je reste dans cet état. »
    Fort heureusement, l’infirmière était aussi peu futée qu’elle en avait l’air, et conduit Enora dans un cabinet. La jeune délinquante revint au chevet de son frère et aux côtés de Dreiden quelques minutes plus tard.

    Le lendemain, ils croisèrent l’infirmière avec une méchant cocard sur le visage, et visiblement une dent en moins. Elle les vit, et s’empressa de dédaller en courant sans leur adresser un mot. Enora sentit le regard accusateur de Dreiden sur elle.
    « Et… je peux savoir pourquoi tu as fait ça ? »
    « Moi ? Mais enfin, de quoi tu parles ? » Répliqua-t-elle avec son magnifique sourire de petite fille sage et le battement de cil qui va avec. Venant de sa part, ça devait presque être effrayant. Il leva les yeux au ciel avant de se mettre à rire.

    Deux jours plus tard, Garalt les avait convoqués pour une réunion à l’usine. Elle-même ne l’avait pas croisé depuis l’accident de Rhodan. D’ailleurs, ce dernier n’avait toujours pas émergé, et on commençait sérieusement à craindre pour sa vie. Enora se promit d’aller le visiter souvent. Il parait qu’il entendait tout, et elle avait peur qu’il se sente seul. Lui qui adorait voir du monde et être entouré. Personne ne savait pourquoi Garalt avait fait réunir les membres du gang, tous demandaient à la jeune fille si elle savait pourquoi il avait demandait une réunion express, elle en avait aucune idée. C’était surement en rapport avec l’échec de la mission de Rhodan.
    Garalt fit par arriver, le visage encore plus froid que d’habitude et les cheveux noirs. Ses piercings avaient disparus et elle soupçonnait le pansement sur son poignet d’être le résultat d’une opération pour retirer son tatouage. Et la nouvelle tomba : c’était fini, les warlords étaient dissous. L’accident de son frère avait remis en cause trop de choses, et du coup l’ainé avait décidé de mettre fin à tout ça.

    Mais Enora n’était pas d’accord. Bien au contraire. Elle avait grandi avec ce gang, avait donné son sang pour lui. Les warlords l’avaient éduqué selon une idée, une communauté. Qu’est-ce qu’elle pouvait faire maintenant ? Aller au lycée, se faire des copines et passer son samedi après-midi dans les boutiques avec d’autres greluches de son âge ? Ça va pas non ? Elle s’était pas entrainé corps et âme pour que ça s’arrête tout de suite. C’était mal la connaitre. Pourtant, Garalt n’avait pas l’air spécialement étonné qu’elle se lève pour l’insulter copieusement devant l’assemblé. Renoncer comme ça, c’était lâche, Rhodan n’aurait pas voulu ça. Le gang c’était une partie de lui aussi. Mais son frère ainé avait surement décrété qu’il avait grandi et que c’était le moment de raccrocher et de faire quelque chose de sa vie avant que ça ne soit trop tard. Enora ne décolérait pas. Et voyant que Garalt était aussi buté qu’elle et refuserait de céder, elle annonça qu’elle reprenait le gang, avant de quitter les lieux, furieuse.

    La jeune fille n’était pas dupe, et elle savait bien que le changement de propriétaire n’aurait pas le succès escompté. Elle s’étonna même de voir Dreiden la rejoindre, alors qu’elle pensait devoir remonter les warlords toute seule. Loebhan les rejoignit également, avant de partir en France peut après. Une histoire avec le décès de sa grand-mère… la jeune fille n’avait pas tout comprit à l’époque. Ils n’étaient plus qu’une poignée chez les warlords, ça promettait d’être plus compliqué que prévu. La priorité était de recruter des membres, et ils savaient où en chercher : dans les clubs illégaux de combats. Sachant bien que personne ne suivrait une fille, qui plus est une gamine, il fallait sortir son épingle du jeu.

    Il lui fallait devenir intimidante et respectée. Cesser d’être la petite fille dans un coin, et devenir un leader charismatique. La première opération était un petit détour chez le tatoueur/perceur. La seconde fut les bagarres. En passant outre des moqueries dont elle fut d’abord la cible, Enora comprit que si elle voulait impressionner, il fallait faire dans le sanglant. Les warlords étaient plutôt agressifs dans leur façon de faire, mais avec Enora et Dreiden, ceci prit une proportion démesurée. La jeune fille se mit à devenir une enragée qui arrachait avec les dents les oreilles de ses ennemis. C’était un chef exigeant qui n’hésitait pas à en venir aux mains à la première rébellion, et surtout qui ne tolérait pas l’échec. Une fois sorti de son plâtre, Dreiden la rejoint dans sa descente aux Enfers et avait sa propre manière pour faire régner l’ordre et leur parler leurs rivaux.

    Vu le peu d’effectif qu’ils avaient, il fallait constamment être sur le terrain. Un soir, elle était en planque avec Dreiden pour surveiller la sortie d’un de leur ancien indic d’un immeuble. Enora, à cause de sa malformation du poumon, ne supportait pas l’odeur de la cigarette, et savait qu’il était fort possible qu’elle se mette à faire une crise s’il y en avait une dans le secteur. Dreiden fumait beaucoup, et visiblement il ne s’était jamais aperçu qu’elle prenait soin d’être à une dizaine de mètres de lui dans ces moments. Elle le surprit en train de tenter d’en fumer une alors qu’ils étaient dans la voiture, et se hâta de lui arracher avant de la jeter par la fenêtre. Il ne se priva pas de l’engueuler, et elle savait qu’elle ne pourrait pas passer à côté d’une explication. Depuis, elle ne l’a plus jamais vu fumer, mais il avait continuellement une pastille à sucer dans la bouche. Enora pourrait même jurer l’avoir vu avec des patchs.

    Après plusieurs mois de galères, les warlords avaient enfin fini par renaitre de leur cendre. Leur premier gros coup depuis des mois avait été un franc succès, et tout le monde dans le gang avait décrété qu’il fallait fêter ça comme il se doit. « Comme il se doit » se résumant à une quantité astronomique d’alcool de toute sorte, et d’une soirée à boire tous ensemble comme des trous.

    Enora maudira toujours sa mémoire de ne pas oublier les moments gênants. Et plus particulièrement cette soirée où elle et Dreiden, complétements saouls, avaient passé toute la nuit serrés-collés à s’embrasser langoureusement et sans aucune pudeur. Déjà que leur relation étaient sources de spéculations, ceci n’arrangea pas vraiment la donne. Le lendemain fut difficile entre la gueule de bois et la gêne intense entre les deux chefs du gang qui n’osaient même pas se regarder dans les yeux. Pour pallier à ça, Enora et Dreiden déclarèrent qu’entre eux, se rouler des pelles était désormais considéré comme normal. Et ils en abusent encore régulièrement.

    Tout se passait relativement bien dans le gang. Jusqu’au jour où ils avaient fait une expédition en tandem un soir, pour trouver des documents dans la maison d’un flic qui s’amusait à leur mettre des bâtons dans les roues. Il fallait s’assurer qu’il n’avait rien de bien compromettant pour eux. La maison était censée être vide. Censée. Alors qu’ils étaient en plein travail de fouille, le type rentra. Dreiden l’avait entendu et s’était mis derrière la porte, quand l’intrus s’avança dans le hall d’entrée, Dreiden arriva derrière lui pour lui couper une oreille. La situation dégénéra rapidement, jusqu'à ce qu’Enora lui arrache la seconde et que Dreiden lui mette un sévère coup de lampe sur la nuque, et qu’il s’effondre.
    Ils firent silence autour du corps inanimé pendant qu’Enora dominait sa crise, fort heureusement, ses poumons n’avaient pas insisté aujourd’hui.

    Ils partirent comme des voleurs, non sans appeler les secours. Ce mec pourrait les dénoncer une fois revenu vivant, et un tel acte de barbarie n’était pas juste puni d’une petite nuit au commissariat cette fois. L’usine était trop risquée comme planque, alors Dreiden suggéra qu’ils aillent chez lui quelque temps. La famille Bhast était habituée à voir Enora régulièrement, et personne ne posa de question. C’était aussi l’occasion pour la délinquante de passer du temps avec Chess. Mais le père Bhast était plus malin qu’il n’y paraissait et se douta bien qu’ils étaient responsables de l’évènement qui fit la une du journal. Enora sait que Dreiden en veut beaucoup à son père pour les avoir viré sans sommation et sans qu’ils aient pu voir Chess une dernière fois. Pourtant Enora relativise, ses parents à elle les aurait dénoncé dans la seconde, lui leur donnait une petite chance de s’enfuir.

    Il était clair que les warlords ne pourraient pas survivre un tel fiasco, et qu’il fallait mettre les voiles rapidement. L’argent du gang leur servit à se payer des billets pour Paris, en France. Dreiden parlait couramment français, mais c’était loin d’être le cas d’Enora. Elle se senti mal à l’aise dès qu’elle posa le pied sur le sol français. La jeune fille, désormais une jeune femme âgée de 18 ans, était totalement perdue, ne comprenait rien à rien, et se jura de ne pas lâcher son ami d’une semelle. Il faisait preuve d’une patience des glaciers pour lui apprendre la langue, et fort heureusement Enora comprenait vite, mais les débuts avaient été assez chaotiques. La rencontre avec le cousin Maël, un étrange garçon continuellement en train de planer, se passa bien, mais le fait de ne rien comprendre aux conversations l’horripilait.

    Sortant à peine du lycée, Enora ne voyait pas quel métier elle pourrait exercer pour intégrer la société, mais Maël lui trouva un job de fille au pair dans une famille assez aisée. Elle n’avait pas vraiment beaucoup eu de rapports avec les enfants, mise à part Chess, mais elle accepta. L’autorité qu’elle avait acquise en tant que chef de gang lui fut d’une aide non négligeable, et les parents des 3 monstres qu’elle avait sous sa garde s’étonnèrent de voir leurs enfants si sages. Normalement, elle aurait dût vivre chez eux, mais les regards sous-entendus que lui lançait le père et la façon dont il lui parlait n’étaient pas s’en rappeler son ex. Et elle ne se fit pas prier quand Dreiden lui proposa de vivre ensemble dans l’étroite chambre de bonne que Maël leur avait trouvée. Le père de famille ne lui posa pas trop de problèmes, dans la mesure où il finit rapidement à l’hôpital, retrouvé dans une ruelle sombre un matin, allégrement tabassé. Enora n’y était pour rien, mais le grand sourire que Dreiden lui lança alors qu’elle lui annonçait la nouvelle confirma ses doutes.
    La situation dura quelques mois, alors qu’Enora passait chaque jour à ravaler sa frustration d’avoir dût renoncer à ses envies de conquêtes du monde de la pègre. Enfin renoncer… disons qu’ils se disaient que ce n’était que partie remise et que pour l’instant ils décidaient de faire profil bas. Tout se passait bien, jusqu'à ce qu’une virée nocturne finisse en bain de sang. Pour une fois, Enora pourrait jurer sur tous les Dieux possible, elle et Dreiden n’y étaient pour rien. C’était Maël et ses potes qui avaient pris des battes de baseball pour tabasser les premiers venus. Ils auraient dût s’enfuir à la seconde où les autres avaient mis des cagoules, c’est vrai. Etant les seuls têtes nues, ils se firent rapidement pincer. Enora s’imaginait déjà dans une prison pour fille au fin fond de l’Irlande, quand on lui annonça qu’un certain centre avait besoin d’eux et de leur talent au combat. Quitte à se faire enfermer, autant se retrouver ensemble. Le choix ne fut pas bien dur.

    Ce n’était pas bien difficile au début de prendre ses bases. La barrière de la langue avait été soulevée durant son séjour à Paris, même si il lui restait quelques lacunes. Enora se prit rapidement au jeu de chasse des tâches. C’était comme à la vieille époque, mais il n’y avait pas le lycée à côté pour faire chier. Les occupants étaient aussi tarés qu’elle, mais elle obtient rapidement le respect de chacun quand elle parvint à mater et a arraché un bout d’oreille à l’un des plus craints du centre. Elle le narguait régulièrement avec ça d’ailleurs.
    Un après-midi, alors qu’elle cherchait « l’autre con de Dreiden qui lui avait pourtant dit qu’il l’attendrait dans le réfectoire » un importun eut la mauvaise idée d’arriver dans son dos pour la sursauter. Elle se prépara à apprendre la vie au malheureux qui avait osé frôler sa précieuse personne pour lui faire peur, mais stoppa net quand elle vit qu’il s’agissait de Loebhan. Pas de discours déchirant ou alors une demande d’explication sur la raison de son silence radio après son départ. Elle lui demanda d’un air dépareillé « mais enfin, qu’est-ce que tu as fait à tes cheveux ?! » en attrapant une des mèches bleus. Bon certes, la couleur c’était normal, mais elle était habituée à le voir avec une longue tignasse tressé qui lui arrivait au bas du dos.

    Savoir ce que Loebhan faisait ici était un vrai mystère. Il venait parfois en urgence en mission, partageait la même chambre que Dreiden mais avait la gentillesse de partir quand Enora voulait dormir avec lui… sinon ni elle, ni Dreiden ne savaient ce qu’il faisait ici, il allait et venait à sa guise.

    Le temps passait, et les vieilles habitudes commencèrent à manquer. Ce n’était pas les petites distractions du centre qui pouvaient occuper le temps de façon convenable. Les warlords commençaient à manquer à Enora. Pourtant il y avait de quoi faire ici. Jusqu'à ce que des allumés proposent à Dreiden de faire partie d’un groupe de metal. Bien sûr, Enora se retrouva avec le titre de « groupie number one » mais le plus intéressant fut la partie qui suivit. Les « suicides bombers » commençaient à avoir leur petit groupe de fans, et Dreiden et Enora eurent visiblement la même idée géniale. Les warlords étaient finis, mais eux n’étaient pas encore rouillés comme leader.

    Un gang c’est bien, mais des rivaux c’est mieux. Les prières d’Enora furent exaucées sous la forme d’un ahuri avec un haut de forme. Il eut la mauvaise idée de venir faire du gringe à la jeune femme, mais c’est Dreiden qui fut plus rapide pour donner un direct du droit sur la figure du concerné. Dorénavant, ce serait Suicides Bombers contre Madgang, avec les tâches au milieu.

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Dreiden Bhast
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MessageSujet: Re: Enora - Bouffeuse d'oreilles.   Enora - Bouffeuse d'oreilles. EmptyMar 17 Mai - 21:57

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ENFIN ! ça y est ! On l'a FAIT ! L'une mes plus grande fiche jamais écrite.
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MessageSujet: Re: Enora - Bouffeuse d'oreilles.   Enora - Bouffeuse d'oreilles. EmptyMar 17 Mai - 22:37

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